Matthieu Deffontaines a déjà engagé une partie de la récolte 2022 de blé tendre sur les marchés à terme « pour se garantir un prix mini ». « Mais j'ai des options sur la totalité des engagements », précise-t-il.
« Encore faudra-t-il déboucler au bon moment », fait remarquer Yohann Flosse.
« Oui, mais si t'as rien vendu et que ça décroche, tu pourras te dire que t'as été c... de ne pas te couvrir avec un cours blé rémunérateur, répond Matthieu Deffontaines, qui assure « dormir tranquille ». « L'an dernier, j'ai réalisé mes premières ventes à 184 €/t, avec un débouclage de l'option la semaine dernière à 207 € !, raconte-t-il. C'est pas trop mal pour une stratégie à l'inverse du poker, qui me permet de faire vivre ma famille même si les marchés céréaliers s'écroulent (ce à quoi je ne crois pas actuellement). Des options prises tôt sont abordables contrairement à ce qui se pratique en ce moment. »
Déboucler au bon moment.
« Ce sont les prix de 2021 ?? », s'étonne Titi Sosso.
Avec la flambée des prix actuelle...
« Avec ou sans engrais ? », ironise Carlos Decamps.
Les prix des céréales baisseront avant les charges.
« Comment voulez-vous ne pas engager une partie de vos récoltes avec l'explosion des charges actuelle ?, appuie No. Les prix des céréales baisseront certainement avant les charges, si encore elles baissent... »
« Vu le contexte » en effet de flambée des cours des produits agricoles, « ce serait intéressant de savoir à quel moment les agris ont engagé la récolte 22 », se demande Romain Godart.
Quand avez-vous pris vos engagements ?
Chez Sindy Thomas, c'était « en décembre ».
Et pour Raphaël Davenne, « au mauvais moment, trop tôt ».
« C'est tellement ça ! », compatit Romain Godart.
« Tout dépend à combien ils ont bloquer le prix », ajoute Julien Dris.
Trop tôt !
« Apparemment, beaucoup d'agris se sont engagés autour de 250 €/t », poursuit Jordan Pethe.
maxens est « OK » pour engager une partie de son blé sur les marchés à terme, « la question est quand », selon lui. « En septembre ou en octobre quand les cours étaient aux alentours de 200 €/t ? Ou en février-mars ? Cela change tout... Et n'oublions pas 2016, très beau jusque début juillet puis finalement plus grand chose à vendre, alors ceux qui s'étaient engagés avant la moisson... »
« Hasardeux de vendre du blé "virtuel" »
« Tant que les grains ne sont pas dans la benne », Jean-Philippe Chalumeau, lui, « n'engage rien ».
« Avec les sautes d'humeur du climat, il est hasardeux de vendre du blé "virtuel", estime Popeye. C'est bien, on peut considérer que 60 % des producteurs de céréales sont optimistes... ou bien assurés ! L'agriculture n'est pas un casino où on peut parier sur des rendements hypothétiques et des qualités aléatoires dépendantes de la météo !! » « Stockez vos récoltes et spéculez avec du réel à la place de vos coops, c'est plus prudent », suggère-t-il.
Tant que les grains ne sont pas dans la benne...
« Assurés oui, mais si je vends à 200 €/t à l'automne, j'assure à 200 €/t, logique. Aujourd'hui, le blé en vaut 340 et si je suis grêlé, mon assurance remboursera sur la base de 200 €/t. Et pour les 140 €/t que je dois à l'OS, je fais quoi ?, rétorque Nono75. Pour ce qui est de stocker le physique, je suis OK à 200 %... même pour 10 jours ! »
« 40 % des agris n'ont pas besoin de trésorerie ? »
Si, comme le dit le sondage sur Terre-net, 60 % des agriculteurs ont déjà des engagements sur les marchés à terme pour la récolte 2022 de blé tendre, cela signifie, selon Mark Drouard, que « 40 % des autres n'ont pas besoin de trésorerie et en auront encore moins besoin ».
« Ils sont peut-être au prix moyen », avance Dimi Tri.
« Peut-être... », en convient Mark Drouard.
Chacun sa stratégie.
Pour Nono75, il reste pas mal de questions en suspend. Ce lecteur aimerait effectivement « connaître la part engagée au prix moyen/campagne de l'OS, et les pourcentages vendus pour quel prix moyen » « En fait, c'est hyper intéressant pour nous de se situer, commente-t-il. Je suis convaincu ça serait super bien relayé, mais pour ça, on a besoin de plus de précision. » « Par exemple, moi, je vends 100 % en prix ferme dont 4 % en récolte 2022 engagés à 200 €/t », témoigne Nono75, qui « constate que les OS n'achètent plus sur échéance septembre mais décembre alors que c'est moins cher. En effet, plus de base sur septembre pour eux : il y a déjà beaucoup de blé vendu et ils ont peur de pas exécuter à temps. Je suis des Hauts-de-France et je me demande si c'est pareil ailleurs ou pas. Tour de passe-passe des OS ou il y a déjà un paquet de blé de vendu ? »
« Chacun sa stratégie de commercialisation du blé, conclut Honoré Vivier. Vendu avant ou à la moisson, la trésorerie ne viendra pas avant celle-ci de toute façon. »