Des centaines d'agriculteurs érigent des murs devant l'Anses et l'Inrae

Les agriculteurs devant l'Inrae à Paris.
Les agriculteurs devant l'Inrae à Paris. (©FRSEA Ile de France)

Une centaine d'agriculteurs ont érigé jeudi dans le calme un mur en cartons pour bloquer symboliquement l'entrée de l'agence sanitaire Anses à Maisons-Alfort (Val-de-Marne), après avoir mené une action similaire à l'aube, mais avec des parpaings, à Paris, devant l'Inrae, l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement.

Dans les Alpes-Maritimes, les agriculteurs ont deversé du fumier et de la laine de mouton devant les grilles de la préfecture niçoise pour manifester leur colère, selon la presse locale.

A Toulouse, c'est de la paille que les agriculteurs ont déposée sur les marches de la cité administrative, avant de souder un portail pour bloquer l'accès à un bâtiment hébergeant une agence de l'eau et l'antenne locale de l'Office français de la biodiversité (OFB).

« L'administration nous entrave, on les enferme », a commenté sur Instagram la branche haut-garonnaise de la FNSEA, qui a organisé ces actions avec le syndicat Jeunes Agriculteurs (JA).

Un autre « mur des contraintes » a été érigé à Châlons-en-Champagne (Marne) par une cinquantaine de militants du syndicat majoritaire. Ils ont aussi installé sur le toit de l'agence locale de l'OFB un « nid de cigognes » avec des branchages, comme ceux qui obstruent les cours d'eau par manque d'entretien des fossés, a expliqué Carole Meilleur, responsable communication de la FDSEA de la Marne.

La ministre de l'agriculture, Annie Genevard, a condamné « avec la plus grande fermeté toute atteinte aux personnes et aux biens, qui nuit aux revendications légitimes des agriculteurs », dans une déclaration à l'AFP.

« Que des contraintes »

Des agriculteurs franciliens, emmenés par l'alliance syndicale majoritaire FNSEA/Jeunes Agriculteurs, ont déposé des boîtes en carton vides devant le siège de l'Anses pour inciter l'agence « à déménager à Bruxelles, pour qu'elle arrête de contredire les réglementations européennes », a déclaré à l'AFP Cyrille Milard, président de la branche de la FNSEA dans la Seine-et-Marne. « Macron, à quand les actes ? », pouvait-on lire sur une banderole en majuscule.

Une délégation a été reçue à l'Anses, dont la direction a évoqué des échanges « de qualité », portant notamment sur l'utilisation des produits phytosanitaires en France et les interdictions au niveau européen. La direction de l'Anses a ajouté qu'elle avait sollicité un rendez-vous avec le président de la FNSEA.

A l'aube, les mêmes manifestants avaient exprimé leur « ras-le-bol » devant l'Inrae, dans le septième arrondissement de la capitale.

En théorie, « des instituts comme l'Inrae peuvent nous donner des moyens de remplir notre fonction de producteurs », or « ce n'est plus le cas. Depuis des années, c'est la décroissance qui est organisée », a lancé avec un haut-parleur Pascal Verrièle, secrétaire adjoint de la FDSEA Seine-et-Marne.

« On finance un institut national à un milliard d'euros par an qui ne nous rapporte que des contraintes », a renchéri Donatien Moyson, coprésident des Jeunes Agriculteurs Ile-de-France Ouest, auprès de l'AFP. « On est là pour lutter contre les entraves à l'agriculture », a-t-il dit.

L'accès à la porte d'entrée du bâtiment n'est pas bloqué, avec un interstice entre le mur de parpaings et l'entrée du bâtiment.

Tagué en orange sur le mur d'environ deux mètres de haut, on peut lire « INRA escrolos », tandis qu'une banderole affiche : « A vendre, ne sert plus à rien - Bail à céder - Economie réalisée : 1,1 milliard d'euros ».

Pas de tracteurs, pas d'engins : les agriculteurs, de tous âges, sont venus en voiture et en transports en commun pour manifester. Réunis très tôt, avant 6 h, ils ont d'abord été bloqués et encerclés par les forces de l'ordre, puis, dans le calme, ont posé les parpaings devant l'Inrae pour ériger le mur. Vers 7 h 30, ils commençaient à se disperser.

Bâtiments publics visés

« On a des restrictions d'usages de certains produits sans solutions alternatives efficace, ce qui entraîne des pertes de production », a témoigné Rémi Pierrard, producteur de betteraves et céréales installé près de Provins (Seine-et-Marne), membre du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA).

« On nous a interdit un insecticide qui protégeait la betterave au début de sa croissance contre un puceron. Maintenant on est obligé de traiter avec un pulvérisateur, un traitement bien moins efficace et moins respectueux de la faune auxiliaire, avec des pertes de productivité pouvant aller jusqu'à 50 % par an », a-t-il ajouté.

L'Inrae a estimé dans un communiqué que « les critiques » dont il fait l'objet « ne rendent pas compte » des résultats obtenus par ses chercheurs, ingénieurs et techniciens, et a assuré « poursuivre ses recherches au meilleur niveau pour concevoir des systèmes de production agricoles et alimentaires durables et rémunérateurs ».

La ministre mobilisée

La ministre de l'Agriculture doit recevoir jeudi après-midi le président de l'Institut « pour évoquer l'enjeu de la simplification pour les agriculteurs, le rôle de l'Institut et trouver des réponses communes aux trop nombreuses contraintes administratives », détaille son ministère.

Vendredi matin, elle recevra « à sa demande les organisations syndicales pour avancer sur des mesures concrètes qui visent à simplifier le quotidien de nos agriculteurs », ajoute son cabinet.

Egalement mobilisée dans la rue sur la question du « revenu des paysans », la Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, s'est clairement démarquée de la FNSEA et de la Coordination rurale (2e syndicat), dénonçant jeudi soir « une fuite en avant » sur la question des pesticides.

De son côté, l'association environnementale Générations Futures a accusé jeudi la ministre de l'agriculture de reprendre « sans filtre » la « désinformation » concernant les pesticides.

Mercredi, 28 actions ont eu lieu dans 24 départements, ont recensé les autorités, impliquant 1 600 personnes et 479 engins agricoles, dans des actions qui ont ciblé « davantage les bâtiments publics ». Jeudi, 23 actions ont été recensées dans 22 départements, impliquant un millier d'agriculteurs et 310 engins agricoles, selon les autorités, une mobilisation estimée en baisse par rapport à la veille.

L'alliance FNSEA-JA avait placé sa première semaine de mobilisation sous le signe de l'opposition au projet d'accord de libre-échange entre l'UE et des pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay). Mais, pour sa deuxième semaine d'actions coordonnées, elle vise plus particulièrement ce qu'elle considère comme des « entraves » au travail des agriculteurs, comme des préfectures, agences de l'eau ou bureaux de l'Office français de la biodiversité (OFB).

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