Le flou politique algérien, « épée de Damoclès » pour les céréaliers français ?

Au 8 avril 2019, la France avait embarqué 4,472 Mt de blé à destination de l'Algérie, soit plus de 41 % de plus que lors de la campagne 2017-2018 à la même date. (©Terre-net Média)
Au 8 avril 2019, la France avait embarqué 4,472 Mt de blé à destination de l'Algérie, soit plus de 41 % de plus que lors de la campagne 2017-2018 à la même date. (©Terre-net Média)

Chargement d'un bateau de céréales au port de Dunkerque
Au 8 avril 2019, la France avait embarqué 4,472 Mt de blé à destination de l'Algérie, soit plus de 41 % de plus que lors de la campagne 2017-2018 à la même date. (©Terre-net Média)
 

Et si la démission forcée d’Abdelaziz Bouteflika, désormais ex-président de l’Algérie, pouvait avoir un impact jusque dans les cours de ferme des céréaliers français ? Certains membres du conseil spécialisé céréales de Franceagrimer, qui s’est réuni mercredi 10 avril 2019, se la posent.

Mais pourquoi donc s’inquiéter des actuelles tensions politiques algériennes ? Depuis la campagne de commercialisation 2014/2015, le débouché algérien n’a cessé de prendre une part croissante dans les exportations de blé tendre français. Il y a quatre ans, l’Algérie absorbait 27 % de nos exportations. Sur les 9 premiers mois de la campagne 2018-2019, le pays représente 58 % de nos expéditions hors de l’Union européenne – pour un volume exporté de 4,17 Mt à fin mars 2019 – très loin devant les pays d’Afrique sub-saharienne (1,04 Mt à fin mars 2019) et le Maroc (797 000 t).

Outre le poids croissant de l’Algérie comme débouché des blés français, rappelons que les importations algériennes sont en grandes parties gérées par l’OAIC, (office algérien interprofessionnel des céréales), l’autorité publique algérienne des achats de céréales.

« Une génération plus jeune peut regarder les traditions différemment », a déclaré Ludovic Paris, délégué filière, au sujet d'un éventuel rajeunissement des responsables de l'OAIC. « Il y avait déjà une inquiétude avant la démission du président Bouteflika, mais là c'est encore pire », estimait Damien Vercambre, analyste au cabinet Inter-Courtage, qui évoquait « une épée de Damoclès » sur la tête des céréaliers français.

Le blé, enjeu stratégique de paix sociale en Algérie

« Le blé est un élément fondamental dans les relations économiques qu’entretiennent l’Algérie et la France », rappelle aussi Chambre d’agriculture France, dans sa lettre économique du mois de mars 2019. La prépondérance du blé dans l’alimentation des algériens a toujours constitué un enjeu stratégique pour le plus grand pays d’Afrique du Nord, notamment dans l’optique du maintien de la paix sociale. »

Outre les récents événements politiques majeurs en Algérie, les opérateurs français et, indirectement, les agriculteurs, sont aussi sous la pression de la Russie qui voit dans l’Algérie un débouché potentiel, après avoir raflé à la France le marché égyptien.

Selon le média russe sputnicknews.com, la direction de surveillance du ministère russe de l'agriculture a confirmé, le 21 mars dernier, avoir expédié un premier lot d'essai de son blé en Algérie. Il s'agit d'une livraison d'environ 22 tonnes de céréales. Selon Chambre d’agriculture France, les autorités algériennes souhaitent d’abord expérimenter la qualité de ce blé avant de procéder à des achats de plus grande envergure. Au regard de la force de frappe de Moscou sur le marché international du blé, avec autour de 37 Mt exportées en 2018-2019, la France a de quoi s’inquiéter.

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