Le marché ukrainien est considérable pour les constructeurs de machines agricoles. Un volume global de 600 semoirs traînés y est vendu chaque année. Un chiffre équivalent au nombre de semoirs (tout types confondus) vendus annuellement en France. La guerre déclarée par la Russie à l'Ukraine perturbe fortement l'activité de plusieurs constructeurs français de matériels agricoles, dans la chaîne de production ou en matière de débouchés vers les deux pays en guerre.
Carré n'arrive plus à exporter ses machines
Basé en Vendée, le constructeur d'outils de travail du sol Carré n'arrive plus, comme d'autres fabricants, à exporter ses machines vers la Russie et l'Ukraine. Le constructeur avait « une petite centaine de machines prévue pour l'Ukraine cette année. », indiquait récemment Benoit Carré, président de Carré SAS chez nos confrères de TF1. La guerre a tout stoppé : seules trois machines ont pu être livrées. L'entreprise familiale a décidé de faire le dos rond en gelant tous les investissements et recrutements pour 2022.
Grégoire Besson également impactée par le conflit
Mêmes difficultés pour l'angevin Grégoire Besson, qui exporte habituellement vers l'Ukraine pas moins de 20 % des 2 000 outils de travail du sol que la marque construit chaque année. Pour elle aussi, les livraisons à destination de l'Ukraine sont logiquement à l'arrêt et celles à destination de la Russie sont en attente. Marc Besson, le directeur marketing de l'entreprise, s'inquiète surtout pour la sécurité des employés sur place, qu'il faut protéger. En attendant de pouvoir de nouveau exporter librement vers ces pays, le matériel qui devait être destiné à l'Ukraine sera reconfiguré et expédié vers d'autres régions du monde (France, Canada, ...).
Le conflit complique aussi la stratégie commerciale d'autres groupes. Kuhn, par exemple, vient d'investir 10 millions d'euros en Russie pour implanter un site à 400 km au sud de Moscou. Le fabricant des Deux-Sèvres Monosem, dont 10 à 15 % des produits sont destinés à l'Ukraine, à la Russie et à la Biélorussie, voit ses exports gelés vers ces trois pays.
Arrêt temporaire de la production chez Michelin
Autre exemple avec Michelin : pour fabriquer ses pneus, la marque française du Bibendum a besoin de noir de carbone. Problème : celui-ci vient de Russie et la guerre bloque tout approvisionnement. Ce manque de matières premières est aussi valable pour la gomme synthétique et les câbles, qui viennent également de Russie ou d'Ukraine. La pénurie a donc entraîné l'arrêt de quatre usines Michelin du 4 au 8 mars, mais aussi du 11 au 14 mars. L'entreprise a indiqué être à la recherche de nouveaux fournisseurs pour éviter de nouveaux arrêts de la chaîne de production. Les sites doivent rouvrir le 14 mars.