Le jour se lève en Normandie. A peine sept heures. Jérôme Hardi, éleveur laitier, est dans sa stabulation. Tablette à la main, il scrute le tableau de bord de son robot de traite pour vérifier si l’activité laitière n’a pas été perturbée durant la nuit. Rien à signaler (Ras). S’en suit la vérification des niveaux des silos de son système d’alimentation automatisé. Là aussi, Ras. Sans plus attendre, Jérôme part préparer son tracteur pour semer ses maïs.
Direction l’atelier. L’application Trelleborg Load Calculator se lance et lui indique la pression optimale des pneumatiques de son John Deere 8X. Une fois son semoir Tempo R 16 rangs attelé, l’éleveur prend la direction d’une parcelle de 50 ha. Sa tablette fixée en cabine, il affine les réglages du semoir monograine. Sept heures plus tard, la parcelle est semée, retour à l’atelier. Message d’alerte sur la tablette : "pensez à l’entretien moteur". Grâce à l’appli JDLink, à laquelle il est également connecté, le concessionnaire reçoit le même message. Il passera demain…
10.000 agriculteurs équipés de tablettes
Fiction ou réalité ? Si nous n’en sommes pas encore là, dans la plupart des exploitations en tout cas, la technologie embarquée prend une place réelle dans le quotidien des agriculteurs.
(©Terre-net Média)
Le gros avantage des tablettes : la taille de l’écran incontestablement, qui facilite la consultation et la saisie de données. Et même sans clavier ni souris, elles répondent parfaitement au besoin de mobilité des producteurs agricoles.
Elles interagissent avec l’utilisateur et le matériel
Reste à développer des applications mobiles spécifiques car nul doute à avoir, elles remporteront un large succès dans les années qui viennent. Fini le papier et le stylo, la consultation des abaques, les post-it pense-bêtes, ou encore la double voire triple saisie des données. Tout se synchronise automatiquement. Aujourd’hui, certaines applications ne se contentent plus d’apporter des informations et des préconisations, elles interagissent avec l’utilisateur et le matériel. En 2011, l’appli Kuhn donnait des conseils pour régler les semoirs de la marque en fonction du type de semences. En 2014, celle de Väderstad permettra de piloter le semoir Tempo. Déjà actuellement, celle de Trelleborg Tlc informe sur la pression des pneus. Demain peut-être, associée au circuit pneumatique des tracteurs, elle l’adaptera directement aux conditions de travail.
Et ce n’est que le début
Des contraintes subsistent parfois pour garantir la connexion des différents systèmes entre eux (entre la tablette et les machines par exemple). Mais, elles devraient être levées dans les prochaines années. Qui aurait cru, il y a quelque temps, à la démocratisation du signal Rtk et à l’intégration de l’autoguidage dans les tracteurs (environ 10.000 agriculteurs(2) utilisent le signal Rtk et 40.000 exploitations(2) les systèmes de guidage, Ndlr) ? D’autres facteurs expliquent l’engouement pour les tablettes : elles sont transportables, polyvalentes, relativement solides et surtout pas chères.
Effet de mode ? Tendance de consommation ?
Pour 350 €, vous pouvez naviguer sur internet (marchés, météo, informations), mais aussi noter le comportement d’un animal, inscrire un traitement dans le carnet de plaine numérique de l’exploitation ou commander une pièce d’usure au concessionnaire le plus proche. Et ce n’est que le début… Rappelez-vous la publicité de la marque à la pomme à la sortie de l’Iphone : "Il y a aussi une application pour ça !" Les constructeurs n’ont donc plus besoin de se soucier du support, ils peuvent se concentrer sur les fonctionnalités de leurs applications. Si l’on va plus loin, les tablettes ne sont pas encore Isobus, ni prêtes à gérer l’autoguidage comme les ordinateurs embarqués de type Topcon, ou Isa360, etc. Toutefois, ce n’est peut-être pas leur vocation première.
Sans aller jusque-là, un certain nombre d’acteurs du secteur agricole prennent le pari de miser sur ce type de support pour développer leurs produits. Effet de mode ? Tendance de consommation ? Pas si sûr ! Difficile néanmoins d’imaginer les technologies qui accompagneront les agriculteurs dans les 10 ans à venir.
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Voici le sommaire de ce dossier sur les applications mobiles professionnelles agricoles :
- L'agriculture passe au tout numérique
- Une vision de l'avenir pas si futuriste
- 22 % des agriculteurs sont équipés d'un smartphone