Pouchain, un « artisan » qui construit des machines de 26 tonnes sur mesure

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L'Oryx, le modèle phare de Pouchain, a été lancée en 2021. (©Terre-net Média)

C’est une entreprise familiale, bientôt centenaire, née en 1928, qui s’agrandit en même temps que ses machines. Leurs premières arracheuses, pour les endives, traînées et sur un tout petit rang, ont pris du poids. L’Oryx, l’intégrale à pommes de terre phare du catalogue, débite quatre rangées et affiche près de 15 mètres de long pour 26 tonnes sur la balance. « Forcément, ça prend plus de place dans les bâtiments », sourit Stéphane Raviart, le directeur de Pouchain.

Le constructeur, une ancienne maréchalerie fondée par les Pouchain (Bernard, l’actuel gérant, est la 3e génération aux commandes), se niche depuis sa création à Villers-au-Flos, dans le Pas-de-Calais, au carrefour avec la Somme et le Nord. Un territoire qui a forgé ses spécialités : le chicon, historiquement, et la pomme de terre, plus récemment.

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L'espace est compté ! L'usine devrait s'agrandir prochainement. (© Terre-net Média)

« Nous représentons 90 % des arracheuses à endives du marché. L’Orion, lancée en 2019, est d’ailleurs aujourd’hui la seule machine conçue et dédiée uniquement à cette culture », détaille le directeur.

Cette dépendance au chicon, qui a connu des époques compliquées, fragilisait l’entreprise. Tous ses rivaux ont d’ailleurs disparu, Matrot, Dugave… Fort de son expérience de pionnier de l’automotrice à endives, lancée en 1992, le constructeur a développé, au tournant des années 2010, la « Pouchain Automotrice Pommes de Terre », en version simplifiée puis à trémie en 2017. Certains l’appelaient la « PAP ». Il a fallu trouver un nom plus vendeur. L’Oryx, une constellation comme l’Orion, est née en 2021.

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Pouchain a la capacité de construire un très large éventail de pièces. (© Terre-net Média)

Depuis 2020, Pouchain fabrique plus de machines pour la pomme de terre que pour l’endive. Aujourd’hui, sur la quinzaine d’arracheuses par an qui sortent de l’usine, trois-quarts sont destinées au tubercule.

« C’est un marché dynamique, toujours en expansion, avec une durée de renouvellement des machines entre 5 et 7 ans. Il y a un besoin de patates, il faut doubler la production française actuelle pour fournir les usines. Et il y a aussi un manque de main-d’œuvre », analyse Stéphane Raviart.

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Les soudures se font toujours manuellement. (© Terre-net Média)

Pour exister face aux géants du secteur, comme Grimme ou Ropa, Pouchain, à mi-chemin « entre l’artisanat et l’industrie », mise sur le prix, « un peu moins cher », et de nombreuses fonctionnalités installées de série. « À machine égale, le client a tendance à aller vers les marques plus connues. Il faut donc en faire plus pour que la balance penche de notre côté. Le made in France joue encore aussi », reconnaît le directeur.

Le processus de fabrication d’une arracheuse prend entre 6 et 8 mois. Tout commence par le châssis, posé à un endroit soigneusement sélectionné : il n’en bougera plus avant le premier tour de clé. L’essentiel du travail se fait à hauteur d’homme. Chaque bloc, comme la trémie, est façonné au sol avant de rejoindre la structure. Pour éviter de surélever le tout, les roues sont ajoutées en dernier.

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Pouchain compte une trentaine de salariés. (© Terre-net Média)

Pouchain est capable de « fabriquer très vite et sur-mesure ». Une table de découpe laser offre une grande réactivité. Chaque pièce est gravée pour assurer le suivi. L’acier cohabite maintenant avec l’alu : «On est vigilant sur le poids, pour les sols et la consommation de carburant ». L’usinage est maison et toutes les soudures sont manuelles : « Les robots, on y réfléchit pour nos pièces de série ». Pour renforcer la solidité, beaucoup d’assemblages se font par tenons et mortaises.

Cette polyvalence, renforcée par un bureau d’études de trois personnes, a permis à Pouchain de développer son activité de pièces détachées… pour tout le monde.

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Le constructeur est équipé en découpe laser depuis longtemps. (© Terre-net Média)

« Le client d’un concurrent qui vient avec un arbre cassé, il sait que chez nous il repart avec un neuf en deux heures. La pièce, c’est un plus. On a aussi un large stock. Cela nous donne une grande puissance en SAV. Et on est ouvert du lundi au samedi, avec des astreintes en saison », met en avant Stéphane Raviart.

Pour les composants, Pouchain mise sur le haut de gamme : « On ne veut pas de soucis derrière ». La cabine, « l’une des premières questions des clients », vient de chez Claas. L’hydraulique est signé Danfoss. Le moteur de 510 ch de l’Oryx est fourni par Volvo : « il reste simple et fiable, avec une synergie entre leurs réglages et les nôtres ».

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Les moteurs sont fournis par Volvo. (© Terre-net Média)

Les pneus, de 1050 mm à l’arrière, les plus larges pour des arracheuses, sont livrés par Mitas ou Trelleborg. « Si le client veut du Michelin, c’est tout à fait possible. Si on peut, on s’adapte toujours à la demande », résume le directeur.

Côté peinture, l’ancien vert, qui faisait « un peu trop militaire », a été rajeuni et dynamisé par l’ajout de gris foncé. Le jaune a, lui, été abandonné en 2017 : il évoquait un peu trop une célèbre marque américaine au cerf bondissant…

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Pouchain conserve des machines-outils historiques encore utilisées selon les besoins. (© Terre-net Média)

Une douzaine de jours de tests sont nécessaires avant la livraison d’une arracheuse. La vente se fait en direct. « Nos clients sont autour de nous ! », avance le directeur. Le constructeur assure aussi la maintenance et l’entretien annuel.

En annexe, il fournit également une quinzaine de tables segmentaires pour des fabricants de déterreurs, notamment Dewaele-Briche, et écoule environ 120 dévidoirs d’irrigation par an.

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Les différents éléments sont ajoutés au châssis au fur et à mesure. (© Terre-net Média)

Tout en gardant les pieds sur terre, Pouchain et sa trentaine d’employés envisagent l’avenir avec ambition. Le chiffre d'affaires tourne en moyenne autour des 8 millions d'euros. Un projet d’agrandissement est dans les tuyaux. « La gamme fonctionne. L’Oryx a de bons échos dans la plaine. Notre philosophie, ce sont des machines simples mais pas simplistes, modernes et fiables », conclut Stéphane Raviart.

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