Quel est le point commun entre le monde politique et la nature ? La réponse est simple : tous deux ont horreur du vide. Concernant la nature, les agriculteurs sont les mieux placés pour le savoir : tôt ou tard, il faut toujours désherber ses cultures pour éliminer les mauvaises herbes. En politique, certains élus savent très bien « occuper le terrain » dès qu’un espace est déserté…
Preuve en est faite au Space à Rennes, qui se tient depuis mardi 15 et jusqu’au vendredi 18 septembre. Incertaine pendant plusieurs jours, la venue du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a été définitivement écartée, quand, à la publication de son agenda hebdomadaire prévisionnel, figurait jeudi une réunion sur la Fco, qui menace de se propager en France après la découverte d’un foyer dans l’Allier. L’absence de visite officielle ne s’était pas vue depuis plus de quinze ans. Qu’à cela ne tienne, certains y trouveront une occasion rêvée d’occuper un terrain d’élevage en proie aux difficultés, déserté par le Gouvernement.
Ainsi, Bruno Le Maire, ancien ministre de l’Agriculture, est venu au chevet des éleveurs mercredi 16. Le député de l’Eure, ancien candidat à la présidence de l’Ump et possible candidat à la primaire Les Républicains pour la course à l’Elysée, veut montrer qu’il reste à l’écoute du monde agricole. On peut lui reconnaître une affection particulière pour le secteur agricole depuis son passage au ministère de l’Agriculture. Après avoir réagi, au micro de Terre-net, au travail de Stéphane Le Foll, Bruno Le Maire ne veut pas rater une si belle occasion « d’occuper le terrain » et de montrer qu’il serait le meilleur pour aider les agriculteurs.
Le discours anti-européen ne tient pas
La veille, c'est Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, qui était venu à la rencontre des éleveurs.
Jeudi 17 septembre, une autre visite illustre un peu plus encore qu’il n’y a jamais d’espace vide en politique. Marine Le Pen visite le salon en fin de matinée. La présidente du Front national ne veut pas rater cette occasion pour marteler son discours anti-européen et dénoncer l’inefficacité de la Pac et de sa déclinaison française pour soutenir les producteurs en difficulté.
Mais n’oublions pas que la plupart des filières d’élevage, malgré la perte de parts de marché ces dernières années, restent dynamisées par les exportations. Sur 10 litres de lait collectés en France, 4 litres sont exportés. La France exporte ainsi une valeur de 7,3 milliards d'euros de produits laitiers, pour une contribution à l’excédent commercial de 3,6 Md € (en 2013). Avec de tels débouchés, une politique ultra-protectionniste ne tient pas.