Prévention, accompagnement...
Repenser l'agriculture pour lutter contre le mal-être paysan

Pascal Cormery, président de la CCMSA, recommande le passage à une réflexion positive sur le thème du "bien être" en agriculture. (©Terre-net Média)
Pascal Cormery, président de la CCMSA, recommande le passage à une réflexion positive sur le thème du "bien être" en agriculture. (©Terre-net Média)

 

La Mutualité sociale agricole accueillait le 20 avril à Bobigny, la seconde rencontre des professionnels de l’accompagnement. Les Chambres d’Agriculture, la FNSEA, les JA, la Coopération agricole ainsi que Groupama ont évoqué à cette occasion la question de la souffrance des exploitants.

En complément des partages d’expériences, la présentation des dispositifs de prévention et de sensibilisation des plus jeunes figuraient au programme de l’évènement. Les intervenants sont longuement revenus sur l’importance de l'accompagnement et la nécessité de revaloriser l'image de métiers en mal de reconnaissance. 

Les agriculteurs traversent une "révolution agricole"

A la source de cette souffrance, « on pense en premier aux situations économiques des exploitations, au changement climatique qui génère de plus en plus de situations de stress, la surcharge administrative, et la relation à la société » déplore en introduction le président des Chambres d’agriculture de France, Sébastien Windsor.

En effet, la conjoncture actuelle difficile, les nouvelles problématiques liés au réchauffement du climat, et la perception parfois négative de la profession pèsent lourdement sur le moral des agriculteurs. À tel point que cette population compte un risque de suicide supérieur de 43,2 % par rapport aux assurés de l’ensemble des régimes de sécurité sociale, selon la MSA.

« L'agriculture est confrontée à une révolution agricole qui crée un contexte de tension », confirme Daniel Lenoir, ancien coordinateur national du programme interministériel du plan de prévention du bien-être. Dans ce contexte, il devient primordial de mieux accompagner cette population, grâce à l'action du réseau associatif et à un pilotage efficace des pouvoirs publics.

La mobilisation face aux nouveaux défis des paysans

Le réseau Agri-sentinelles, doté d'un site web depuis 2019,  www.réseau-agri-sentinelles.fr, permettait déjà de recenser les dispositifs en place pour les adhérents en difficulté. Le gouvernement a ensuite annoncé une feuille de route en novembre 2021, afin de mieux coordonner les mesures pour lutter contre la détresse des populations agricoles. 

Retrouvez l'interview vidéo de Françoise Potier, vice-présidente Groupama Centre Manche et Sarthe et également sentinelle : 

Françoise Potier, Vice-présidente Groupama Centre Manche et Sarthe est également sentinelle.

« La MSA a une mission dans le cadre du déploiement des formations et évaluations du réseau des sentinelles. À ce jour nous sommes sur près de 3 000 sentinelles actives. L'objectif est de mettre un coup d'accélérateur pour développer ces formations » déclare Magalie Rascle, directrice déléguée aux politiques sociales du CCMSA.

Ce travail sur le terrain est complété par le dispositif d'accompagnement gratuit, Réagir piloté par les Chambres d'agriculture, et Agri'écoute, cellule d'assistance psychologique destinée aux adhérents MSA. Sur les 3 003 appels réceptionnés en 2022, la responsable de la plateforme téléphonique, Sophie Cot-Rascol, souligne l'émergence d'une problématique de «  perte du sens dans le travail » et une souffrance relative à un « dénigrement » de la profession.

Des métiers en quête de revalorisation

L'épuisement de certains agriculteurs s'ajoute à l'impression de subir la vindicte populaire. Il semble dès lors essentiel de repenser le rapport au métier et de mettre en avant des solutions comme l'aide au répit, proposée par la MSA, tout en soulignant l'importance de l'activité agricole.

Olivier Damaisin, nouveau coordinateur du plan de prévention du mal-être en agriculture évoquait déjà dans son rapport ministériel la nécessité de mettre en valeur le rôle social de l'agriculture. Face à la stigmatisation de l'agribashing, toujours présente dans les esprits, on constate une volonté de changer de paradigme. « Il faut afficher la fierté de notre métier d'agriculteur, la fierté de savoir nourrir nos concitoyens au quotidien avec des produits d'un très haut niveau de qualité », réaffirme Sébastien Windsor.

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