L’organisme de protection sociale, par son réseau d’élus « en capacité de faire remonter les préoccupations du terrain », joue un rôle de « vigie des territoires », estime Jean-François Fruttero, président de la Caisse centrale depuis avril. Pour la MSA, les difficultés rencontrées par le monde agricole sont donc tangibles.
« Nous avons une détérioration du niveau de recouvrement (NDLR : des cotisations) sur toutes les filières ou presque par rapport à 2023, indique Anne-Laure Torrésin, directrice générale de la MSA, qui fait état également d’une « demande croissante d’échéanciers de paiements » de l’ordre de +15 %. La plateforme Agri’Ecoute, destinée aux agriculteurs en situation de mal-être, a connu quant à elle une hausse des sollicitations de plus de 20 % entre le premier semestre 2023 et le premier semestre 2024.
Déployer des outils d’accompagnement
Face à cette situation, Jean-François Fruttero entend positionner la MSA comme « un outil à disposition de nos ressortissants, plutôt solution que problème ». Plusieurs leviers peuvent ainsi être activés pour accompagner les affiliés.
Il s’agit par exemple d’échéanciers de paiement, « avec la volonté d’être le plus réactif possible », ou d’un travail important de prévention sur le volet « mal-être », grâce à l’aide au répit, la possibilité de financer le service de remplacement, mais aussi, depuis le printemps, l’aide au répit administratif. La MSA dispose d’une enveloppe de 1 M€ pour accompagner ponctuellement ses ressortissants en déshérence administrative, pour les aider à apurer des difficultés administratives et rouvrir des droits. Ce dispositif est encore expérimental, mais 31 caisses sur 35 se sont saisies du sujet, signe d’un réel besoin sur les territoires, indique le président de la Caisse centrale.
Alléger davantage les cotisations
En parallèle, le fonds d’action sanitaire et social prévoit une enveloppe de 15 M€ par semestre pour alléger les cotisations des ressortissants en difficulté. Mais pour le deuxième semestre 2024, l’enquête réalisée auprès des caisses de la MSA fait état de besoins de près de 90 M€. « Nous sentons très clairement monter les difficultés sur le territoire », explique Jean-François Fruttero, qui a demandé à Marc Fesneau, alors ministre de l’agriculture, une augmentation de l’enveloppe dédiée à l’allégement des cotisations, et espère évoquer le sujet dans les prochains jours avec la nouvelle ministre, Annie Genevard.
Réforme des retraites et PLFSS
Parmi les autres attentes que la MSA nourrit auprès du gouvernement figurent également la réforme des retraites, avec le calcul sur les 25 meilleures années pour les non-salariés agricoles. « Nous attendons que le nouveau gouvernement inscrive cette mesure au PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) 2025, et nous militons pour qu’il n’y ait aucun perdant », rappelle Jean-François Fruttero.
La MSA porte également, pour ce PLFSS, un sujet autour de l’affiliation des exploitants agricoles, particulièrement des nouvelles formes d’agriculture et d’activités agricoles (méthanisation, photovoltaïque, activité d’accueil social ou d’accueil à la ferme par exemple), indique par ailleurs Anne-Laure Torrésin.