Les surfaces de pommes de terre seront-elles en baisse cette année ?

Récolte de plants de pomme de terre plantés en billon dans le Finistère
Les surfaces de plants ont diminué de 10 % l’an dernier, il manque aujourd’hui 100 000 t, soit un tiers des besoins. (©FNPPPT)

1 - Un marché dynamique

Après une hausse de 3 % l’an dernier, il se pourrait bien que la tendance subisse un coup d’arrêt, alors même que le marché de la frite est en croissance de 5 % par an. Les surfaces de pommes de terre s’établissaient à 175 000 ha environ en 2023, dont les deux tiers dans les Hauts-de-France. « On a besoin de 50 000 ha de plus d’ici 2030 », avertit le directeur général de l’UNPT (Union nationale des producteurs de pommes de terre), Guillaume Lidon. Signe de ce dynamisme, trois usines de pommes de terre et frites surgelées doivent ouvrir prochainement dans les Hauts-de-France : Clarebout Dunkerque (Nord), Ecofrost à Péronne (Somme) et Aristo à Escaudoeuvres (Nord).

« C’est plus d’un million de tonnes à produire en plus des sept à huit millions que l’on sort actuellement », table Guillaume Lidon. Et ce n’est pas l’envie de produire davantage qui manque aux producteurs, car les prix payés ont progressé d’environ 45 % en cinq ans, s’établissant « autour de 180 à 190 €/t sortie champ » aujourd’hui. Ils auraient même bondi de 35 % entre 2022 et 2023, selon le président de l’interprofession de la pomme de terre (CNIPT) Francisco Moya. C’est la pénurie de plants qui risque d’être le facteur limitant.

2 - Un prix trop bas pour la production de plants

Les surfaces de plants ont diminué de plus de 10 % l’an dernier en France, et le problème est le même partout en Europe, de la Pologne aux Pays-Bas, bien qu’à échelle un peu moindre. Conséquence : sur une production de 300 000 t de plants certifiés, il en manque 100 000, soit plus du tiers, ce qui est considérable.

Les raisons de cette baisse sont multiples. Des producteurs se sont détournés des plants à cause d’un prix trop bas, préférant parfois faire de la pomme de terre de consommation. « Ça fait trois ans que je tire la sonnette d’alarme, les producteurs ne sont pas assez rémunérés », s’agace Éric Fallou, président de la fédération des producteurs de plants (FN3PT). « Le vrai défi sera de les rassurer pour qu’ils ne désertent pas, et cela passera par des augmentations de prix, acquiesce Francisco Moya. La filière plants doit pouvoir retrouver un certain équilibre parce que les trois nouvelles usines, il va bien falloir les alimenter et nous avons besoin de plants certifiés de qualité irréprochable. »

3 - Un cahier des charges exigeant

Les collecteurs ont en réalité déjà commencé à augmenter les prix. Mais il reste une problématique technique : le cahier des charges des plants certifiés est rigoureux, il ne faut pas dépasser 5 % de taux de virus. Or, l’an dernier, il y a eu davantage de parcelles déclassées ou refusées que les années précédentes. De quoi décourager les producteurs, forcément. Les attaques de pucerons, porteurs de virus, sont dues au contexte météo, mais pas seulement : « On nous a interdit certaines molécules, peste Éric Fallou. C’est la conjugaison de la rémunération trop faible et du risque devenu trop élevé qui a conduit les producteurs de plants à diminuer leurs surfaces. »

4 - Recours aux plants coupés

En attendant, pour combler ce manque, sans doute certains sont allés piocher dans les plants invendus de l’an dernier, des variétés qui ne trouvaient pas preneurs notamment. Des hectares sont aussi, très probablement, couverts avec du plant coupé. « On peut discuter sur ces plans coupés, il y a un facteur de risque, mais factuellement, cela existe », reconnaît Francisco Moya.

Pour le président de l’interprofession, la situation actuelle n’est qu’une « crise de croissance ». Il n’empêche, « le développement de la filière doit être harmonieux, sans à-coups, pointe Guilaume Lidon. On a des producteurs qui ont investi dans du stockage, à qui on va peut-être dire qu’ils devront produire 10 ou 15 % de moins cette année… » Mais passé ces soubresauts conjoncturels, « c’est une filière qui va bien d’un point de vue financier et qui peut se réjouir d’un potentiel de croissance important », estime Francisco Moya.

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