Le secteur européen des plants de pomme de terre reprend des couleurs. L’ensemble des six principaux pays producteurs (Pays-Bas, France, Allemagne, Écosse*, Danemark et Belgique) enregistrent, en 2024, une hausse de leurs surfaces de 3 717 ha, soit près de 4 % d’augmentation après avoir subi une forte baisse de 6 485 ha en 2023. Malgré un contexte économique encore difficile et la concurrence toujours palpable de la production de pommes de terre de consommation ou d’autres cultures plus rémunératrices, cette hausse traduit la nécessité de disposer de plants certifiés. La baisse de 2023 n’est pour autant pas compensée, et les surfaces 2024 restent en dessous de la barre des 100 000 ha, avec 97 567 ha.
La répartition des surfaces entre pays producteurs n’a cependant pas beaucoup évolué (voir graphe 1). Pays-Bas, France et Allemagne occupent invariablement le trio de tête et représentent toujours à eux seuls près de 81 % des surfaces. Tous les pays sont concernés par cette hausse, mais la Belgique l’emporte haut la main avec + 18,40 %. Le Danemark, avec + 11,78 % des surfaces, est le seul pays à rattraper son niveau de 2022. La France progresse, pour sa part, de 5,43 % avec un total de 22 221 ha. Les Pays-Bas, en revanche, voient leurs surfaces stagner à - 0,70 %.
Le nombre de variétés multipliées continue à se concentrer. 720 ont été multipliées sur des surfaces supérieures ou égales à 5 ha, contre environ 730 les années passées.
La transformation prend le pas sur l’export
Les variétés du top 10 européen (voir graphe 2) ont été multipliées sur 30 886 ha contre 29 775 ha en 2023. Cela représente 31,65 % de la production globale (31,72 % en 2023).
Pour la troisième campagne consécutive, Fontane garde la première place avec 8 487,43 ha en 2024 (7 355,69 ha en 2023). Elle bat son record en gagnant 1 131,74 ha et en compensant largement sa baisse de 365,98 ha de 2023. Elle progresse le plus aux Pays-Bas en valeur absolue (+ 582,61 ha, + 11,28 %) et explose littéralement au Danemark en pourcentage (+ 547,15 % et + 120 ha). Spunta, deuxième du podium, accentue une forte baisse (- 11,25 %) qu’elle avait déjà esquissée en 2023 (- 1,17 %) et perd ainsi 713,65 ha. C’est aux Pays-Bas que ce recul est le plus impressionnant avec - 778,8 ha. Le Danemark, la Belgique et la France augmentent toutefois leurs surfaces, respectivement de 49,33 ha, 26,42 ha et 17,75 ha. Innovator occupe toujours la 3e place et augmente de 171,79 ha en 2024 après avoir dégringolé de 401,69 ha en 2023. L’augmentation la plus forte est observée en France avec + 80,21 ha. À la 4e place, Agria, variété libre pour la transformation, mais aussi pour l’export, retrouve des couleurs avec + 291,64 ha, après avoir enduré des baisses de 316,4 ha en 2023 et de 400 ha en 2022. Son retour est le plus marqué aux Pays-Bas avec + 276,07 ha après y avoir perdu 230,4 ha en 2023. Hermès (variété transfo et export) se hisse à la 5e place avec 1 839,26 ha (+ 230,33 ha, + 14,32 %). Colomba gagne deux places et s’installe à la 6e place en progressant de 223,81 ha dont + 178,53 ha en France. La variété export Arizona, chassée du top 5, rétrograde à la 7e place avec 1 568,63 ha en perdant notamment 209,25 ha aux Pays-Bas. Cara décroche la 8e position. Markies conserve sa 9e place en 2024, en progressant de 93,32 ha. Elle connaît une envolée fulgurante en Allemagne de 128,41 %. Challenger refait son apparition dans le top 10 avec une augmentation de 173,66 ha en 2024.
Les tendances d’évolution des surfaces se trouvent complétement inversées par rapport à 2023. En 2024, les variétés du marché de la transformation retrouvent un regain d’intérêt alors que celles pour l’export sont délaissées. Le top 10 comprend ainsi six variétés typiquement industrielles – Fontane, Innovator, Markies, Challenger, Hermes, Agria ; ces deux dernières étant valorisées aussi à l’export – trois variétés export (Spunta, Arizona, Cara) et une seule variété du frais, Colomba. Les gains de surfaces des quatre variétés frites de ce top 10 comptent, à elles seules, pour 2 092,5 ha de la hausse totale. En revanche, les variétés export baissent drastiquement de 1 080 ha pour les trois variétés du top 10.
* Nous avons retenu les données de l’Écosse car elle est en volume la principale nation britannique productrice et il est plus difficile d’avoir accès aux données des autres pays du Royaume-Uni.
