Pour essayer d’entrevoir comment va évoluer le marché mondial du blé tendre dans les semaines et les mois qui viennent, « tous les regards continuent de se porter vers la Russie et l’Ukraine », écrit Argus Media France (Agritel) dans un communiqué du 30 avril.
De fait, « toute évolution à la baisse des disponibilités de l’un de ces pays entraînera une tension sur le prix du blé tendre, notamment en cas de dégradation des conditions de culture au printemps », déclare son directeur Gautier Le Molgat.
Or l’état des lieux de la production, dressé par les experts d’Argus Media lors d’un tour de plaine de sortie d’hiver, « confirme la prédominance de la Russie sur le marché du blé » tout en soulignant qu’elle en récoltera en 2024 « moins qu’escompté ».
La chaleur a dégradé le potentiel des blés russes
Les agriculteurs russes ont implanté plus de blé d’hiver que prévu mais « un peu moins de blé de printemps du fait d’une baisse des marges de production ces derniers mois », détaille le communiqué.
Alors qu’en début d’année la production 2024 s’annonçait supérieure à celle de 2023, une vague de chaleur est venue dégrader le potentiel, « pénalisant les blés d'hiver et les blés de printemps semés principalement en avril ». Face à la sécheresse, les pluies de début mai seront déterminantes ».
Les analystes d’Argus Media s’attendent désormais à des rendements inférieurs à ceux de 2023. Pour autant, le pays dispose de stocks conséquents et devrait entamer « la campagne de commercialisation 2024-2025 avec 104 Mt d'approvisionnement (stock initial et production) », dépassant pour la troisième année consécutive les 100 Mt disponibles en début de campagne.
La production ukrainienne est attendue en baisse
Côté ukrainien, la production de blé 2024 est estimée à 19,93 Mt, « un niveau bien inférieur à la moyenne quinquennale de 25,87 Mt » et lié à la diminution des emblavements.
« Lors de notre enquête, nous avons constaté que presque toutes les régions du pays ont reçu un bon niveau de précipitations depuis novembre, ce qui a permis aux cultures d'entrer dans l'hiver à un bon stade de développement. Les précipitations d'avril devraient conforter des rendements corrects », précise Gautier le Molgat.
Le rendement moyen des blés ukrainiens 2024 s’établirait à 4,56 t/ha, un chiffre supérieur à la moyenne quinquennale de 4,26 t/ha mais « qui ne compense pas la baisse des surfaces, estimées à 4,37 Mha alors que le niveau habituel est proche de 4,70 Mha ».
