Les cours des matières premières agricoles évoluaient un peu différemment de part de d'autre de l'Atlantique, prenant en compte des réalités spécifiques aux géographies des flux.
Ainsi, en Europe, c'est la Russie qui donne à nouveau le ton des échanges pour le blé, qui a atteint mardi à la clôture d'Euronext « son plus bas niveau de l'année » à 190 euros la tonne sur l'échéance de décembre, la plus échangée, relève Gautier Le Molgat, PDG d'Argus Media France.
Le cabinet d'analyse craint même, si les prix passaient en dessous de la barre symbolique des 190 pour la céréale du pain, de voir « une accélération du mouvement baissier ».
Car rien ne semble pour le moment pouvoir briser la « spirale baissière » des céréales européennes, dont les prix dégringolent lentement mais sûrement depuis la mi-juillet.
« Point positif » des dernières semaines pour les exportateurs européens : la précocité des récoltes d'orge et de blé en Europe de l'Ouest et la rétention des agriculteurs russes - qui attendaient d'avoir une vision globale de la moisson pour commencer à commercialiser leurs productions - « ont permis de bien vendre l'orge fourrager, à un prix quasiment équivalent à celui de blé », selon Edward de Saint-Denis, de la maison Plantureux & Associés.
Disponibilités mondiales record en blé
Mais, poursuit-il, « la moisson est désormais réalisée à 70 % en Russie et les grains arrivent en masse dans les ports d'exportation ».
« L'offre de blé (originaire de) mer Noire devient plus agressive, l'offre française redevient trop chère et cela fait baisser les prix », explique-t-il.
Les cours du blé restent globalement lestés par des prévisions mondiales optimistes, avec des disponibilités record « de 400 millions de tonnes » chez les huit principaux pays exportateurs, dont 86 millions de tonnes pour la seule Russie, selon les estimations de production d'Argus Media.
Ces derniers jours, l'Australie a relevé ses prévisions de récolte de plus de 3 millions de tonnes, à 33,7 Mt, soit un niveau comparable à la moisson de l'an dernier, et prévoit une récolte d'orge légèrement supérieure à celle de l'an dernier, à 14,55 Mt.
Concernant le maïs, la baisse de rendement qui s'annonce en Europe n'apporte qu'un maigre soutien aux cours, écrasés par les prévisions d'énorme récolte américaine.
A la Bourse de Chicago, le prix du grain jaune a légèrement augmenté ces derniers jours, clôturant mardi à 4,03 dollars le boisseau (environ 25 kg).
Soja « sous pression »
« Les États-Unis continuent de bénéficier d'une forte demande à l'exportation » pour le maïs, relève Arlan Suderman de la plateforme de courtage StoneX Financial.
Selon les chiffres du ministère américain de l'Agriculture, les volumes hebdomadaires de maïs inspectés avant exportation ont en effet légèrement augmenté pour la semaine achevée le 28 août par rapport à la période précédente, à plus de 1,4 million de tonnes. C'est aussi nettement supérieur à la même période en 2024 (+ 45 %).
En revanche, le cours du soja a terminé en baisse mardi, à 10,25 dollars le boisseau (soit environ 27 kg), après une semaine sans direction franche.
Pour Jack Scoville, de Price Futures Group, « le soja est sous pression car la récolte aux États-Unis est considérée comme très bonne et les Chinois n'en achètent pas. Ils continuent d'acheter au Brésil même si les prix y augmentent. » « Une grande partie de la demande de soja américain provenait de la Chine et nous avons laissé passer cette opportunité », affirme-t-il.
Le cours de la graine oléagineuse à Chicago pâtit du climat « d'incertitude » actuel, dû à fois au « blocage des négociations entre les États-Unis et la Chine » et au « renforcement de la coalition entre la Chine, le Brésil, la Russie et l'Inde au cours du week-end », estime Arlan Suderman, évoquant le sommet régional organisé à Pékin et réunissant les dirigeants d'une vingtaine de pays eurasiatiques.