Il y a douze ans, le groupe phytosanitaire français Phyteurop et le centre de recherche ARD, basé à Pomacle (Marne) entamaient ensemble un programme de recherche afin de mettre au point des formulations destinées à la santé des végétaux qui soient « à 100 % d'origine végétale ». « La chimie du végétal utilise peu d’eau, d’énergie fossile et de procédé chimique », précise Boris Estrine, responsable service chimie verte chez ARD.
Le but de ce programme Greenline : « Obtenir des performances techniques et agronomiques supérieures afin notamment d’optimiser voire réduire les doses de principes actifs utilisés et proposer des solutions avec un classement écotoxicologique signifiant une diminution de l’impact sur l’environnement et la santé des utilisateurs, par rapport aux produits classiquement employés » indique Xavier Cannesson, directeur commercial et marketing de Phyteurop.
Philippe Hamelin, directeur de Phyteurop, souligne : « Alors que les préoccupations du grand public et les réformes engagées par le gouvernement ont engendré de nombreux débats sur l’utilisation des produits de protection des plantes par les agriculteurs, nous avons souhaité avec ARD mettre en avant ce programme de recherche français original et montrer que le monde agricole est engagé depuis de nombreuses années dans la recherche pratique de solutions durables. »
Gros plan sur le glyphosate aux adjuvants d'origine végétale
Début 2017, la première autorisation de mise sur le marché délivrée par l'Anses, dans le cadre du programme Greenline, concerne le Buggy Greenline, herbicide non sélectif composé de 240 g/l de glyphosate (sel d'isopropylamine) et des co-formulants Applyclean.
Ces adjuvants (co-formulants) Applyclean sont fabriqués, par Wheatoleo (filiale d’ARD), à partir de coproduits de blé, betterave, colza et bois. La filiale est spécialisée dans la fabrication de tensio-actifs issus entièrement de ressources végétales. Laurent Magnant, chef produit herbicide de Phyteurop, présente le rôle de ces Applyclean dans le Buggy Greenline :
- « booster l’efficacité du produit »,
- « assurer une propriété de mouillage de la solution » (la surface de contact entre l'herbicide et la plante est plus grande, d'où une meilleure pénétration),
- « obtenir des microémulsions avec une stabilité en milieu alcalin et un effet non moussant »,
- « réduire l'impact sur l'environnement ».
Lancé la même année que l'interdiction d'utilisation des tallow-amines (co-formulants dans plusieurs solutions avec du glyphosate), le Buggy Greenline représente aujourd'hui (quasiment un an après son lancement) 5 % des parts du marché des produits phytosanitaires à base de glyphosate.
Avec l'interdiction programmée de cette molécule, l'avenir du Buggy Greenline est plus qu'incertain... D’autres projets sont en cours dans le cadre du programme Greenline. Un herbicide est en phase d’homologation et des réflexions sont menées dans le domaine des fongicides.