F ondateur d’Agriculture Stratégies (ex-Momagri), Jacques Carles a fustigé l’orientation prise par la Commission européenne dans sa proposition de réforme de la Pac, présentée le 1er juin dernier. « Depuis des décennies, nous assistons à une baisse continuelle du budget de la Pac alors que, dans le même temps, toutes les autres grandes puissances agricoles mondiales, sans exception, ont augmenté leurs soutiens à leur agriculture et leur alimentation. »
« En dix ans, la Chine a doublé ses soutiens à son agriculture, en dollars constants », poursuit-il. « Pendant ce temps, l’Europe continue seule d’appliquer les règles du cycle de Doha qui ne sont respectées par personne d’autre. »
En présence de l’ancien ministre de l’agriculture Hervé Gaymard, du vice-président du conseil régional de Bretagne Olivier Allain et du député LREM Frédéric Descrozaille, respectivement coordinateur des États généraux de l’alimentation et ancien directeur de Jeunes agriculteurs, Jacques Carles a également fustigé une actuelle politique agricole centrée sur des aides découplées. « Elles sont totalement coupées des réalités économiques actuelles. Tous les autres pays hors UE ont abandonné la logique des aides découplées. »
Le think tank Agriculture Stratégies défend une réforme beaucoup plus large que celle proposée par le commissaire européen à l’agriculture Phil Hogan. Dans ce cadre, l’organisation estime que les velléités de Bruxelles à boucler la réforme avant les prochaines élections européennes de 2019 est une erreur. « Je ne vois pas un accord politique d’ici la fin de l’année, issu d’un consensus européen à 27 », a poursuivi Jacques Charles.
À l’instar du consensus nécessaire sur le plan européen pour boucler la réforme de la Pac, « notre démarche, c’est d’abord la recherche d’un consensus entre membres d’un comité stratégique d’horizons très divers ». Agriculture Stratégies a réuni, au sein de ce comité, des experts, des personnalités politiques de droite ou de gauche (Eric Andrieu, Hervé Gaymard, Alain Lamassoure, Henri Nallet), de représentants LREM (Olivier Allain, Frédéric Descrozaille), et de représentants du monde agricole en particulier des membres de Jeunes agriculteurs (Jérémy Decerle, Céline Imart), des académiciens et économistes.
Pour la Pac 2020-2026, le comité stratégique d’Agriculture Stratégies entrevoit, non pas deux, mais quatre piliers, comme autant d’objectifs pour une Pac plus protectrice et efficace : garantir la sécurité alimentaire, assurer la stabilisation des marchés, participer au relèvement des revenus agricoles, accompagner la transition environnementale et énergétique du secteur agricole.