Avec 70 litres en pulvérisation et 100 litres en épandage, l’AG 150 est le premier drone agricole de 150 kg à fendre l’air en France. Aux manettes, la société Agrodrone, basée à Saint-Aubin-de-Médoc, à deux pas de Bordeaux, est une pionnière du secteur : elle a été créée en 2023 mais ses premiers essais remontent à 2015, pour le compte de deux coopératives à la recherche d’une solution pour semer un couvert avant récolte sur maïs. « C’était un drone de 4 kg, cela a bien évolué », sourit Charlotte Rossignol, en charge de la communication.
« On commence à avoir un vrai outil pour travailler en agricole. Les trémies de 8 kilos, c’est fini », souligne Vincent Deslandes, technico-commercial chez Agrodrone. En partant sur une densité de semis à 10 kg par hectare, l’AG 150 peut couvrir 10 hectares en deux ou trois minutes. « Si vous avez un maïs qui fait deux mètres, c’est la seule solution, même avec un enjambeur c’est compliqué », poursuit-il.
Des tests depuis 2015
Stéphane Ballas, responsable du service projets innovation dans les systèmes de production à la chambre d’agriculture du Gers, va réaliser fin août des essais de semis de couvert avec Agrodrone. Une société qu’il connait bien : il a participé aux tout premiers tests en 2015 lors de son précédent emploi.
« Ils ont une expérience importante, que ce soit au niveau des technologies, de la précision mais aussi de l’agronomie », avance-t-il. Ne fais pas voler un drone qui veut, surtout de cette taille : Agrodrone dispose des toutes les autorisations adéquates.
Plus complexe qu’un semis classique
Familier de l’usage des drones, Stéphane Ballas livre son analyse : « Sur du maïs, c’est très intéressant. C’est le seul équipement qui peut intervenir avant récolte, à part l’enjambeur mais peu de monde en possède un. Sur céréales, on peut épandre à la volée, classiquement, le drone se justifie moins ».
L’implantation précoce a « des avantages et des incertitudes », constate-t-il. « Dans certains cas, notamment sur du maïs semence, on a enregistré une biomasse plus développée avant l’hiver, pour une meilleure captation de l’azote, une érosion limitée… Mais c’est plus complexe qu’un semis après récolte, il faut penser à la lumière, à l’eau, faire le lien avec l’irrigation… Le drone fait des choses incroyables, il faut juste ne pas oublier l’agronomie », résume Stéphane Ballas.
Une façon de populariser les couverts
Il continue à mener des essais : « L’utilisation du drone pour le semis de couvert est une pratique très innovante, on a encore peu de données dessus. L’épandage de trichogrammes est plus implanté. » Stéphane Ballas voit un dernier avantage au drone : « C’est une machine ludique, elle attire le public, c’est aussi une bonne façon de parler des couverts et les populariser ! »
Agrodrone se déplace dans toute la France. L’intervention coûte en moyenne entre 50 et 60 € de l’hectare. « On ne remplacera pas le tracteur, c’est sûr, mais quand nos clients essayent, ils reviennent souvent, assure Vincent Deslandes. Et ce ne sont pas que des jeunes ! Le drone peut apporter des solutions pour tout le monde ».