Sécheresse
Comment produire avec une ressource en eau limitée ?

Outre leur intérêt pour améliorer la réserve en eau des sols, les couverts végétaux sécurisent voire augmentent la ressource fourragère, sans irrigation. (©Nathalie Tiers)
Outre leur intérêt pour améliorer la réserve en eau des sols, les couverts végétaux sécurisent voire augmentent la ressource fourragère, sans irrigation. (©Nathalie Tiers)

 

1 - Esquiver le risque sécheresse

La stratégie d’esquive, levier pouvant être mis en œuvre rapidement, consiste à éviter, en situation non irrigable, les cultures dont le cycle se déroule principalement sur les périodes à risque. Par exemple, en préférant un méteil à un maïs fourrager. Les cultures de printemps-été ayant toutefois des intérêts économiques et agronomiques, opter pour les moins gourmandes en eau (tournesol, sorgho...) reste possible. Concernant le maïs, l’abondante offre variétale permet de choisir celles dont les indices plus précoces éviteront l’exposition des stades les plus sensibles à la sécheresse.

2 - Diluer le risque sécheresse

La stratégie d’esquive n’offre pas toutes les garanties, car savoir à l’avance quand surviendront les périodes sèches s’avère difficile. Diversifier ses cultures afin de répartir les risques sur différentes périodes se révèle donc utile.

3 - Limiter le travail du sol...

Beaucoup d’agriculteurs ont été confrontés, en août, à la difficulté de réussir leurs semis de colza ou de couverts végétaux à cause de la sécheresse des sols. Pour conserver au maximum l’humidité des premiers centimètres, mieux vaut travailler ces derniers au minimum, voire pas du tout. Cette stratégie a aussi un impact sur l’infiltration en profondeur et sur la réserve en eau du sol. En agriculture de conservation des sols (ACS), la préservation de la structure et de la porosité biologique des sols construites au fil du temps crée en effet un réservoir efficace pour retenir l’eau. De plus, les couverts employés en ACS favorisent l’infiltration en évitant la battance et le ruissellement. D’après Thierry Gain, coordinateur technique de l’Apad (Association pour la promotion d’une agriculture durable), « l’infiltration peut être augmentée de 100 mm par heure sur une prairie ou un sol non labouré doté d’un couvert végétal ».

4 - ... et utiliser des couverts végétaux

Outre la protection des sols contre les fortes pluies, les couverts contribuent à les structurer efficacement par leur développement racinaire. Ils atténuent progressivement les éventuelles zones de compaction, permettant aux racines des cultures de descendre davantage pour aller capter l’eau. Les couverts apportent en outre de la matière organique. Celle-ci joue le rôle d’éponge vis-à-vis de l’eau, et nourrit la faune du sol (vers de terre, micro-organismes) qui agit elle aussi sur la porosité biologique. Enfin, les couverts tamponnent la température des sols et limitent l’évaporation de l’eau, en particulier lors de fortes chaleurs. La présence d’arbres (haies, agroforesterie) est aussi un moyen d’améliorer le stockage de l’eau dans les sols.

5 - Améliorer l’efficience de l’irrigation

L’utilisation d’outils de pilotage et d’aide à la décision (bilan hydrique, sondes) permet d’ajuster au mieux les apports. Grâce à eux, d’après Arvalis, se passer d’un à deux tours d’eau sur une campagne de maïs devient possible. En situation de ressources limitantes, l’objectif est de cibler les apports d’eau les plus productifs, autour de la floraison du maïs, par exemple, période de grande sensibilité au stress hydrique. L’institut teste d’ailleurs un nouvel outil visant à piloter l’irrigation en cas de volume d’eau insuffisant. Du côté des capteurs, l’innovation à venir concerne la mesure des besoins réels des plantes plutôt que de l’état hydrique du sol. L’efficience de l’irrigation est liée aussi au matériel utilisé : Arvalis teste notamment l’intérêt de la modulation intraparcellaire des apports d’eau avec un pivot à débit variable.

6 - Limiter l’évapotranspiration à l'aide d'ombrières photovoltaïques

Une ombrière équipée de panneaux photovoltaïques rotatifs sur 3 ha est entrée en service cette année en Haute-Saône. Haute de 5 m et portée par des poteaux espacés de 27 m, elle a été pensée pour les grandes cultures. A l'aide de trackers inclinant automatiquement les panneaux suivant l'axe du soleil, cette ombrière réduit l'évapotranspiration e atténue les stress thermique et hydrique. Des essais vont être menés par la société TSE - à l'origine du projet - avec l'Inrae et les coopératives de l'Alliance BFC pour mesurer la pertinence d'un tel équipement.

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