Dans l'itinéraire technique de la betterave sucrière, la fertilisation de fond est incontournable. Les betteraves sont, en effet, très exigeantes en phosphore et en potassium. Le phosphore soutient le développement végétatif et racinaire de la plante au démarrage tandis que le potassium joue notamment sur la production de sucres. Dans sa phase la plus active, entre mi-mai et mi-juillet, la betterave absorbe ainsi 5,5 kg/ha d'azote, 2 kg/ha de phosphore et 14 kg/ha de potassium par jour.
Quelle dose d'engrais apporter aux betteraves ?
Pour gérer correctement l'apport des engrais de fond, dans un premier temps, il s’agit de déterminer la dose. La méthode du Comifer (Comité français d’étude et de développement de la fertilisation raisonnée) s’appuie sur la teneur du sol en éléments fertilisants (valeurs seuils), évaluée grâce à une analyse de terre, les besoins de la culture, l’historique des apports et l’exportation ou non des résidus de cultures. Il est également nécessaire de prendre en compte les apports de fertilisants organiques avant semis.
Quel engrais minéral choisir en cultures de betteraves ?
Au moment du choix de la forme d'engrais, concernant le phosphore, mieux vaut s’orienter vers une forme très assimilable, dite « soluble eau », type superphosphates ou phosphates d’ammoniaque. En effet, l'élément est fortement sujet à la rétrogradation, qui le rend indisponible pour les cultures. Concernant le potassium, les deux formes, sulfate et chlorure, sont aussi efficaces l'une que l'autre.
À noter que si la dose préconisée pour la potasse dépasse 250 kg/ha, il est nécessaire d’apporter 30 à 40 kg/ha de magnésie au printemps pour conserver un équilibre entre les deux éléments et éviter une carence. À ce sujet, si la forme sulfate est adaptée à tous les sols, il faut tenir compte du pH de la parcelle pour l’utilisation de chaux (>7,8) ou d’oxyde (>7).
Engrais organique, issu de l’élevage, ou vinasses et écumes de l’industrie betteravière
Fumier et lisiers sont de bonnes sources d'apports en phosphore, potassium et magnésium au sol. Autre possibilité, les produits résiduaires organiques de l’industrie betteravière. Ainsi, la vinasse, obtenue après la fabrication de l'alcool à partir de la betterave, permet, à la dose de 3 t/ha, de couvrir les besoins en potasse des cultures dans la majorité des situations. Les écumes, produites à l’issue de la carbonatation des jus, sont plutôt riches en phosphore et magnésium (ainsi qu'en azote et calcium).
Une gamme d’engrais restreinte pour la betterave bio
Si le raisonnement de la fumure de fond est le même en conduite biologique, la liste des engrais utilisables est plus réduite. Et, depuis le 1er janvier 2021, les effluents issus d’élevages industriels de poulets, poules et porcs sont proscrits : fumier, lisiers, produit fertilisant organique contenant tout ou partie d’effluents (digestats, composts…). Retrouvez les engrais et amendements du sol autorisés en production biologique dans l’annexe 1 du règlement RCE n°889/2008.
Quand faut-il réaliser l'apport d'engrais ?
L’analyse de sol permet de se situer par rapport aux seuils d’impasse (aucun apport nécessaire) et de renforcement (nécessité de fertiliser pour répondre aux besoins de la culture et augmenter la teneur du sol) pour chaque élément. Pour les deux éléments, si la teneur du sol est supérieure au seuil de renforcement, l’apport peut être réalisé à l’automne ou au printemps. En revanche, si la teneur est inférieure au seuil de renforcement, pour le potassium, il sera préférable de réaliser un apport d’automne compte tenu du risque de glaçage du sol à la suite d’un apport conséquent avant semis, d'autant plus dans les sols sensibles à la battance. Concernant le phosphore, il faudra privilégier des apports de printemps, notamment dans les sols de craie et à pH supérieurs à 7,5.
