Alfred Gässler : « on ne devine pas une carence, on l'analyse »

Quels outils utilisez-vous pour suivre votre sol et vos cultures ? (©Terre-net Média)
Quels outils utilisez-vous pour suivre votre sol et vos cultures ? (©Terre-net Média)

« Le but de tout système agricole est de disposer d'un sol fertile, capable de fournir à la plante les éléments nutritifs dont elle a besoin au bon moment et en quantité nécessaire. Ceci passe par des pratiques adaptées mais aussi des interventions suivant les besoins de vos sols et de vos plantes », indique Alfred Gässler, agriculteur dans l'Oise et formateur lors d'un webinaire organisé par Gässler SAS. « Pour savoir où on en est », différentes analyses peuvent renseigner via les caractéristiques chimiques, physiques et biologiques du sol, et le fonctionnement des plantes.

Les caractéristiques physiques du sol avec le test bêche 

En premier lieu, on s'intéresse à la structure du sol : c'est « un indicateur fiable de l'état général du sol, facile à observer. » Les agriculteurs peuvent avoir recours au test bêche. « Le plus simple est d'utiliser deux bêches, explique Alfred Gässler. Objectifs : faire des comparaisons de différentes situations et regarder l'état de son sol. Le système racinaire est-il bien développé ? Y a-t-il des couches de compaction ? Y a-t-il des problèmes de ressuyage ? L'odeur est aussi un paramètre important à prendre en compte dans l'analyse. »

Une analyse chimique du sol avec Kinsey-Albrecht

Les analyses chimiques permettent, de leur côté, de « voir ce que le sol peut fournir à la plante ». « La méthode Kinsey-Albrecht vise l'équilibre en éléments minéraux dans le sol pour le sol. S'il est chimiquement équilibré, il aura une meilleure porosité offrant un habitat sain et stable pour la biologie, une meilleure rétention en éléments nutritifs permettant de nourrir la plante au mieux dans le but d'avoir une fertilité grandissante », selon l'expert. 

Avec Kinsey-Albrecht, sont étudiés : pH, taux de MO, CEC, macro éléments (N, S, P, Ca, Mg, K, Na), oligo-éléments (B, Fe, Mn, Cu, Zn). Et en suppléments, texture, Mo, Ca, Al, concentrations en sels/chlorides... Cette méthode est adaptée à toutes les productions. À noter toutefois : elle n'est pas suffisante pour « évaluer l'état du système. Ce qui est dans le sol n'est pas forcément disponible pour la plante ».

Chromatographie : un outil pour la biologie du sol

Autre analyse mise en avant : la chromatographie. « Découverte en 1850 par Friedlieb Ferdinand Runge puis mise au point par Ehrenfried Pfeiffer dans les années 1950, elle permet d'évaluer la qualité biologique, d'apprécier le fonctionnement ou dysfonctionnement de la vie biologique, afin de faire un état des lieux et un suivi dans le temps. »

Ce qui est évalué concrètement : « la diversité et l'activité bactérienne, la diversité et l'activité fongique, l'aération du sol, la décomposition de la matière organique, la rétention des minéraux, etc. [...] Cela complète une analyse physique, ainsi que les analyses chimiques de sol et de feuilles, et peut permettre d'expliquer des blocages visibles dans ces analyses ». La méthode est également ouverte à « tout type de production, et tout type de sol. Cela convient aussi aux matières organiques, on peut voir, par exemple, où en est un compost dans son processus ». 

« Il est compliqué de donner des chiffres avec cette méthode, mais c'est un outil très performant. » La chromatographie horizontale requiert du papier filtre et une solution de nitrate d'argent. « La densité de papier est différente entre la partie gauche et la partie droite. À gauche, on observe l'état actuel et à droite, comment va évoluer le sol dans le temps. Cela permet d'évaluer l'impact d'interventions culturales, comme celui des couverts par exemple. Plus on a de détails sur la partie droite, plus le sol va évoluer positivement et inversement. » Pour parler au plus grand nombre, la SAS Gässler travaille sur une possible notation à venir.

Exemple chromatographie
Exemple de chromatogrammes d'un caillou calcaire à gauche et d'une prairie à droite. (©Gässler SAS)

Dernier levier : l'analyse de sève

Comme précisé un peu plus tôt dans l'article, « les éléments nutritifs retenus dans le sol ne sont pas forcément disponibles et assimilables par la plante ». L'idée avec les analyses de sève est de « mettre en évidence des carences, excès ou blocages pour vérifier l'état nutritif de la plante et le corriger si besoin », précise Alfred Gässler.  Car « tous les éléments sont essentiels dans le développement de la plante. Un déséquilibre va conduire à une sensibilité accrue aux maladies et aux attaques parasitaires. Par exemple, pour éviter les insectes dans le blé en fin de cycle, il faut éviter l'azote de fin de cycle sans s'assurer d'avoir à la disposition de la plante de quoi fabriquer sa protéine : Mg - S - Mo ». « Ainsi on traite les causes et non les conséquences ».

Retrouvez, sur le schéma ci-dessous, les symptômes visuels et les carences nutritives associées : 

Symptômes visuels de carences nutritives
Symptômes visuels de carences nutritives. (©Agro-Enviro-Lab, adapté de CRAAQ)

Le souci, c'est que les symptômes ne sont pas faciles à identifier. De plus, « ils indiquent généralement des carences sévères : le potentiel de rendement de la culture est donc déjà affecté lorsque les symptômes apparaissent ». « On ne devine pas une carence, on l’analyse », précise alors Alfred Gässler. Avec l'analyse de sève (laboratoire Novacrop), voici tous les éléments mesurés : pH, sucres, conductivité, K, Ca, Na, Cl, S, P, Si, Fe, Mn, Zn, B, Cu, Mo, Al, N total, NH4, NO3 et N dans NO3 ».

Pour savoir quand il est opportun de faire ce genre d'analyses, les agriculteurs peuvent s'appuyer sur la mesure du pH de la plante. « L'idéal est d'avoir un pH à 6,4, cela veut dire qu'il n'y a pas de risque. Au-dessus, les risques d'attaques d'insectes augmentent et en dessous de 6,4, c'est la probabilité de maladies qui augmente, selon l'agronome américain Carey Reams ». Autre possibilité : « la mesure de Brix avec un réfractomètre, à réaliser comme les analyses de sève, le matin avant 9h (avant un nouveau cycle de photosynthèse). Plus la valeur de Brix est élevée, plus la plante se porte bien, et inversement ».  

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