« Tout est encore "normal" dans le Pacifique, mais El Niño est dans les starting-blocks », écrit Frédéric Decker, de MeteoNews, dans un communiqué daté du 17 avril.
Ce phénomène consiste en un « réchauffement inhabituel de la température de surface de la mer dans le Pacifique oriental tropical », le long des côtes de l’Amérique du Sud, et un affaiblissement ou une disparition des alizés. Il survient plus précisément quand « la température de surface de l'eau dans une certaine zone du Pacifique est supérieure de plus de 0,5 °C à la moyenne climatique ».
Après trois ans de La Niña et une phase neutre, la probabilité de voir apparaître El Niño, notamment en fin d'année, dépasse les 80 % de chances, poursuit le communiqué.
Le phénomène a été ainsi nommé aux XIXe siècle en référence à Jésus (« el niño » signifie « le petit garçon » en espagnol), « par des marins péruviens qui avaient constaté un courant chaud à la période de Noël ». Il alterne « tous les deux à sept ans » avec La Niña, qui a au contraire tendance à faire baisser la température des océans.
El Niño implique des « conséquences en cascade » : eaux frontalières plus froides en Australie et en Asie, provoquant des sécheresses, ouragans au milieu du Pacifique, réchauffement des eaux de la côte américaine, d’où une hausse des précipitations.
« Le retour d’El Niño va affecter le climat mondial dans son ensemble et risque d’alimenter un nouveau pic des températures mondiales », indique MeteoNews. Perturbant surtout le climat de l’hémisphère sud et risquant d’endommager les productions de céréales, de protéagineux et de sucre dans ces zones.
De fait, « les pluies torrentielles et les chutes spectaculaires de neige vues en Californie cet hiver pourraient être encore plus intenses ». L’Amérique du sud pourrait aussi pâtir du phénomène - « inondations au Pérou ou en Équateur », « sécheresse en Colombie » - et « un déficit d’eau dans certains pays d’Amérique centrale et du Sud devrait également assécher gravement la forêt amazonienne ».
Ailleurs, El Niño pourrait « amplifier les sécheresses, les vagues de chaleur intense et les incendies » : la mousson indienne, essentielle pour la production agricole, se trouverait affaiblie. L’Australie connaîtrait une « saison des feux de brousse particulièrement destructrice ». Et « la période de transition entre La Niña et El Niño pourrait aussi provoquer inondations et sécheresses dans la Corne de l’Afrique ».