[Décryptage] Prévisions 2014
Les revenus des céréaliers au plus bas depuis 2009

Les revenus des céréaliers au plus bas depuis 2009

Sans prix rémunérateurs, les bons rendements ne font décidément plus les revenus. Les premières prévisions communiquées par la commission des comptes de l’agriculture de la nation ce 15 décembre 2014 révèlent que le revenu des céréaliers (actif non salarié1) aurait diminué de 44 % par rapport à son niveau de l’an passé. Par rapport à 2012, la baisse est même de 73 %. Le revenu était alors supérieur à 62.000 € par actif non salarié.

Les scopeurs (céréales et oléoprotéagineux) dégageraient un revenu de 11.500 € par actif non salarié et les exploitants agricoles "cultures générales", qui produisent des betteraves sucrières et des pommes de terre entre autres, auraient cette année un revenu estimé à 32.500 €/actif non salarié.

La chute de revenu est cette année plus forte pour ces derniers (- 47,8 %) que pour les scopeurs (- 38,9 %). Mais par rapport à 2012, ce sont les scopeurs qui accusent le plus fort recul (- 79,3 % contre - 57,5 %).

Comparée à l’ensemble des grandes et moyennes exploitations agricoles retenues pour établir les estimations de revenu de cette année, la situation économique des céréaliers est la plus dégradée. La prévision de revenu s’établit en effet à 24.400 €/actif non salarié, en recul toutefois de 5 % sur un an et de 32.2 % par rapport à 2012. Cette année-là, le revenu de l’ensemble des exploitants agricoles de 36.000 €/actif non salarié en termes réels, était alors porté par les céréaliers.

Redressement du revenu des éleveurs laitiers

En 2014, ce sont les éleveurs laitiers et "bovins mixte" qui voient leur revenu se redresser. Ces producteurs auraient dégagé un revenu parmi les plus élevés de la profession agricole tandis que les céréaliers sont en queue de peloton avec les revenus des bovins viande. Le revenu par actif non salarié de ces derniers est estimé à 14.500 €.

Le niveau des prix agricoles explique, comme chaque année, l’évolution différenciée des revenus des différentes catégories d’agriculteurs (cf graphiques). La reprise des cours des céréales est trop récente pour être prise en compte dans les prévisions du ministère de l’Agriculture.

L’année 2014 se traduit aussi par une baisse d'environ 9 % des aides Pac du premier pilier. Et, la baisse de l’indice des prix d’achat des moyens de production (Ipampa) n’a pas été suffisante pour compenser le manque à gagner.

En novembre, le prix du poste "énergie et lubrifiants" a prolongé sa baisse amorcée en janvier 2014. Le prix du fioul domestique carburant (ou gazole non routier), qui représente la moitié du poste, s’était replié de 7 % entre octobre 2013 et 2014.

En août 2013 et 2014, les prix d’achat des engrais azotés ont diminué de 3 %, ceux des engrais phosphatés ont reculé de 2 % et ceux de potasse de 8 % entre août 2013 et 2014 (derniers chiffres connus).

La volatilité des prix en cause

Ainsi, les variations annuelles des revenus agricoles sont le reflet de la volatilité des prix des matières premières sur les marchés mondiaux, auxquels les agriculteurs vendent leurs productions. Elle est si forte que les aides Pac reçues sont incapables d’en atténuer les effets en productions végétales en particulier. Comme nous l’avons vu, certains céréaliers subissent même des variations de revenu, parfois de 1 à 4 selon les années, comme aucune autre catégorie socioprofessionnelle, alors que le Pib national par habitant continue de progresser (ou tout au moins de stagner depuis la crise).

Dit autrement, l’évolution erratique des revenus agricoles des agriculteurs, sans dispositif efficace pour en atténuer les effets, contraste avec la progression continue du Pib, c’est à dire de la richesse créée. Aussi bien à titre individuel (d’où la variation de revenus), qu’au niveau national. La Ferme France a en effet perdu 10 milliards d’euros de valeur ajoutée qui a complètement échappé à ses agriculteurs en termes de revenus.

L’évolution des revenus agricoles comparée au solde du commerce extérieur de produits agricoles et agroalimentaires (7,7 milliards d’euros sur 10 mois) reflète sous une autre forme cette même distorsion. Il est certes en baisse mais les prix des marchandises exportées à forte valeur ajoutée varient quasiment peu comparés aux revenus agricoles liés aux cours mondiaux de matières premières agricoles.

Evolution du revenu agricole par actif non salarié et du Pib par habitant : 

Source : Chiffres du ministère de l'Agriculture, service de la statistique et de la prospective.*
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