1- Économiser du temps et gagner en productivité
Alors que c’est au remplissage de la cuve et sur la route que vous perdez du temps, avec le bas volume, vous augmentez le débit de chantier. En moyenne dans l’Oise, le volume de bouillie atteint 150 l/ha en grandes cultures. En passant à 75 l/ha, vous économisez 50 % de temps de pulvérisation ou vous pouvez traiter deux fois plus de surface avec un même tonneau, un calcul d’autant plus intéressant en cas de parcellaire éclaté. Certains descendent même à des volumes d’eau inférieurs à 50 l/ha ! Et gagner en rapidité, c’est aussi se donner plus de chance de profiter de conditions de traitement optimales.
2- Améliorer la qualité de sa pulvérisation
Parce que le bas volume impose d’être impitoyable sur ce point, vous n’aurez pas d’autre choix que de viser les meilleures conditions d’application, donc de devenir expert en la matière au profit de la qualité de vos interventions.
Hygrométrie : l’un des critères les plus importants pour décider d’intervenir dans une parcelle. Plus l’humidité de l’air est élevée, moins il y a de perte de bouillie par évaporation et plus la cuticule des plantes est perméable. En dessous de 75 % d’hygrométrie, 20 % des gouttelettes n’atteignent pas leur cible !
Température : il faut une température moyenne journalière comprise entre 10 et 20°C, au moment du traitement mais également les jours précédents. Globalement, il faut agir en conditions poussantes. L’activité cellulaire de la plante est stimulée et le produit pénètre plus facilement dans les tissus végétaux.
Rosée : alliée de la pulvérisation, elle augmente la perméabilité de la cuticule (efficacité optimale des produits systémiques) et redistribue les matières actives sur la plante (favorable aux produits de contact).
Vent : l’idéal est l’absence de vent : il ne doit donc pas souffler à plus de 10 km/h lors de l’intervention. C’est l’ennemi de la pulvérisation alors que les gouttelettes fines doivent absolument atteindre leur cible.
3- Gagner en technicité : devenir incollable en gouttelettes
La pulvérisation, c’est un ensemble de gouttelettes devant atteindre une cible avec la meilleure répartition possible, pour une couverture suffisante de celle-ci. Elle résulte de l’interaction entre le volume d’eau par hectare, la vitesse d’avancement, le débit de la buse, la pression et la taille des gouttelettes.
Pour que le maximum de gouttes atteignent l’objectif, il faut rechercher, dans cet ordre :
- des gouttelettes plutôt fines et les plus homogènes possibles : autour de 200-250 microns de diamètre (VMD = diamètre médian volumétrique) ;
- un nombre d’impacts suffisant : 50 à 70 impacts/cm² selon le mode d’action du produit ;
- une dérive minimale : c’est-à-dire de fines gouttelettes, une pression de travail plutôt faible (1,5 à 2,5 bars) et un angle d’ouverture de la buse de 80° ;
- un volume par hectare modéré.
Par ailleurs, la pression joue sur le débit de la buse qui, combiné à la vitesse d’avancement, donne un volume par hectare et détermine le choix de la buse.
Qualité de l’eau
La dureté de l’eau a peu d’effet sur les fongicides, insecticides ou herbicides racinaires. Par contre, l’eau doit être la plus neutre possible pour plusieurs familles d’herbicides foliaires. Une eau dure a une forte teneur en calcium, magnésium, sodium ou fer, sous forme de cations (Ca++, Mg++…). Ces éléments se lient aux molécules de certains herbicides, neutralisant leur efficacité. Une simple analyse de l’eau de pulvérisation permet de mesurer sa dureté. Pour celle du réseau, l’information est disponible en mairie. Sinon, vous pouvez utiliser de l’eau de pluie qui n’est pas dure. Le mieux, pour limiter la proportion de cations par rapport à celle de matière active, est de baisser le volume d’eau épandu à l’hectare. En face d’un même nombre de molécules herbicides, il y a deux fois moins de cations à 60 l/ha qu’à 120 l/ha !
Ordre d’incorporation des produits dans la cuve
Il faut toujours les incorporer du moins au plus soluble. Évidemment, la correction de la dureté de l’eau doit avoir lieu avant la préparation, voire la veille au soir pour le premier pulvérisateur de la journée, afin de respecter le temps nécessaire au mélange du sulfate à l’eau. Le remplissage se fait avec agitation, la cuve remplie aux deux tiers.
4- Garantir la protection de ses cultures
Une fois les conditions d’application verrouillées, et avec un volume d’eau par hectare ajusté, on peut envisager de réduire la dose de phytos. Ce n’est, par exemple, pas la dose de fongicide qui fait son efficacité, mais la qualité de la molécule. En préventif, avant l’apparition des symptômes, une faible dose empêche le développement de la maladie. Alors qu’une plus forte (proche de l’homologation) améliore la curativité et la persistance du traitement. À petites doses, vous devez donc relayer plus souvent (c’est-à-dire revenir sur la parcelle tous les 15-20 jours) pour un état sanitaire parfait de la culture.
5- Pas d’investissement matériel
Tout le monde peut diminuer le volume d’eau sans investir dans un équipement particulier. Cependant, le type de buse est crucial : elle doit être adaptée au volume d’eau et à la vitesse d’avancement choisis.
Choix des buses : en acier inoxydable (VS), un bon compromis entre durée de vie et résistance aux substances chimiques. Ne pas oublier de les changer après 150 ha. Exemple pour une rampe de 28 m : 56 buses x 150 ha = 8 400 ha en cumulant les passages sur toutes les cultures.
Choix et entretien des filtres : des filtres de tronçons suffisent. Leur précision doit être de 80 à 100 mailles pour des buses 01 et 02, et de 50 mailles pour des modèles à calibre plus important. Les filtres doivent être facilement accessibles pour un nettoyage régulier.
Entretien du pulvérisateur : un enjeu majeur. N’oubliez pas le contrôle technique obligatoire.
6- Des économies de phytos...
Une fois maîtrisé, le bas volume permet d’alléger de 40 % environ la facture en produits phytosanitaires, surtout parce que vous aurez affiné votre expertise en matière de pulvérisation.
… en respectant certaines règles.
"Se lever tôt" : les meilleures conditions d’application sont souvent réunies tôt le matin.
Avoir recours aux adjuvants pour sécuriser, compléter, assister, voire accroître l’efficacité du traitement.
Adopter les principes de la protection intégrée parce que la meilleure pulvérisation, c’est celle que l’on ne fait pas !
Compter, en moyenne, un passage supplémentaire pour la protection fongicide (entre 4 et 5 au total).
Observer plus souvent ses parcelles, en étant plus attentif.