Il s’agit du premier couac gouvernemental. Et il concerne un sujet agricole sensible : ce lundi 26 juin 2017, Stéphane Travert a indiqué vouloir revenir sur la législation interdisant progressivement les insecticides de la famille des néonicotinoïdes. Chez nos confrères de RMC, le nouveau ministre de l’agriculture a expliqué que la législation française « n'est pas conforme avec le droit européen ». Il s’est montré favorable à une révision de l’interdiction votée en 2016 dans le cadre de la loi sur la biodiversité, en expliquant que cette interdiction poserait, dans certains cas et pour certaines cultures, des impasses techniques.
Pour rappel, la loi sur la biodiversité prévoit d'interdire dès le 1er septembre 2018, avec des dérogations possibles jusqu'au 1er juillet 2020, les principales molécules de cette catégorie de produits accusés de contribuer au déclin des abeilles.
Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, a aussitôt répliqué. « Dès lors que la santé est mise en cause, je ne veux faire aucune concession », a-t-il répondu. « Les arbitrages ont déjà été faits, on ne va pas revenir sur la loi ».
Emmanuel Macron favorable à l'interdiction
En février, lors d'un entretien avec le Fonds de défense de la nature WWF, le candidat Macron avait d'ailleurs affirmé lui-même son intention de maintenir l'interdiction des néonicotinoïdes en 2020.
Et c’est le Premier ministre Edouard Philippe qui a finalement tranché le premier différend entre le ministre de l’agriculture et celui de la transition écologique et durable, à l’avantage de ce dernier.
« Dans le cadre des discussions sur le projet de loi « Droit à l’erreur », le gouvernement a décidé de ne pas revenir sur les dispositions de la loi de 2016. Cet arbitrage a été pris à l'occasion d'une réunion tenue à Matignon le 21 juin dernier » a indiqué Matignon dans un communiqué. Mais le Premier ministre précise que « la Commission européenne ayant émis certaines observations sur la réglementation française afin de s’assurer de la conformité du droit français, un travail est en cours avec les autorités européennes. »
Ce premier couac interministériel intervient alors que doit se préparer dans les prochains jours les Etats généraux de l’alimentation promis par Emmanuel Macron. Un rendez-vous qui doit permettre au Gouvernement de donner une ligne politique – suivie d’actions – permettant notamment aux agriculteurs de retrouver une juste valeur de leur travail au sein de la chaîne alimentaire.