L'analyse complète du marché des oléagineux par Sébastien Poncelet, consultant Agritel
https://www.dailymotion.com/video/x91sehg
« Il ne suffit pas de suivre les fondamentaux propres au colza, notamment les volumes d’offre et de demande », rappelle Sébastien Poncelet. Le spécialiste du marché des oléagineux a dressé un point complet des perspectives pour les prix du colza dans les mois qui viennent. Le prix du colza évolue dans un tunnel de prix entre 415 et 425 €/t sur le marché à terme.
« Il faut regarder les produits concurrents, qui sont les "drivers" leaders du complexe oléagineux : l’huile de palme et le soja », explique-t-il.
Sur le marché des huiles, l’Indonésie a décidé de soutenir son agriculture en portant le taux d’incorporation d’huile de palme à 20 %, avec des intentions pour le porter à terme à 30 % ! Après les effets d’El Niño sur la production de palme il y a deux ans, elle repart à la hausse. « Les opérateurs font des ventes à terme, ce qui comprime les prix pour les prochains mois. » Le prix de l’huile de palme a déjà dévissé de 15 % depuis l’automne 2016. Les stocks mondiaux, eux, sont en train de diminuer sensiblement.
Sur le marché du soja, « le Brésil a fait une récolte colossale et les farmers américains s’apprêtent à semer ce printemps des surfaces record pour 2017 ».
Même chose en Australie, où la récolte de colza a été très bonne. « Du colza australien arrive par bateaux entiers dans les ports européens », souligne l’expert.
La politique européenne à contre-courant en matière de biocarburant
Ces éléments n’augurent pas des perspectives très positives pour le prix du colza sur le marché européen dans les prochaines semaines et les prochains mois. « Clairement, la tendance est plutôt baissière. »
De plus, il ne faut pas négliger les perspectives européennes. La politique européenne en matière de biocarburants est-elle un facteur qui peut influencer le marché du colza et donc les prix ? « Oui, c’est également un "driver" important, répond le spécialiste. Car 70 % de l‘huile de colza produite en Europe est utilisée en tant que biocarburant ». Or baisser de 7 à 3 % le taux d’incorporation obligatoire dans le biodiesel de première génération, comme le projette la Commission européenne à l’horizon 2030, ferait diviser par deux la production européenne de colza. « Ce serait une orientation très déstabilisante pour le marché. »
Ceci dit, il faut, comme toujours, rester « prudent ». « Ces drivers sont concentrés dans très peu de pays : la Malaisie et l’Indonésie pour l’huile de palme, les Etats-Unis et le Brésil pour le soja… Le moindre incident météorologique dans ces pays peut venir bouleverser la tendance baissière de ces prochains mois. »