La crise mondiale provoquée par le coronavirus a conduit à une chute considérable du prix des matières premières agricoles. Face à la tournure de plus en plus dramatique que prend la pandémie et aux mesures de confinement mises en place dans les différents pays touchés par le Covid-19, la panique continue de s'emparer des marchés cette semaine. Loin de profiter aux agriculteurs, le repli des cours satisfait en revanche les importateurs, qui se frottent les mains face aux bonnes affaires qu'ils vont pouvoir faire.
Ce lundi, la Commission européenne a ainsi ajouté un million de tonnes à son cumul d’exports depuis le début de la campagne. Ce sont désormais 22,2 Mt de blé européen qui ont été expédiées, soit un bond de 72 % par rapport à 2019, où les exports ne s’élevaient alors qu’à 12,9 Mt.
Lors de la dernière réunion de son conseil spécialisé « Grandes cultures-marchés céréaliers » le 11 mars, FranceAgriMer avait d'ailleurs décidé d'augmenter les perspectives d’exports de blé français vers les pays-tiers, et ce, en dépit de toutes les incertitudes qui pèsent sur le marché des grains. Ils sont désormais attendus à 12,7 Mt, soit 31% de plus que durant la campagne 2018/19.
Arrivant en deuxième position, la Roumanie en est à 3,1 Mt de blé exportées. Cinq autres pays dépassent la barre du million : l'Allemagne (1,6 Mt), la Lettonie (1,5 Mt), la Bulgarie (1,4 Mt), la Lituanie (1,2 Mt) et la Pologne (1 Mt).
Mais la concurrence en provenance de la mer Noire s’intensifie sur cette deuxième partie de campagne. La chute du rouble face au dollar bénéficie largement à la compétitivité du blé russe. Les exportateurs en profitent pour accélérer leurs ventes à l’international, malgré des prix intérieurs qui progressent. Le cabinet de conseil russe SovEcon a d’ailleurs décidé d'augmenter de 1,3 Mt son objectif d’export sur le mois de mars, à 3,4 Mt.
Après les plus haut de la campagne en janvier dernier, le cours du blé a perdu plus de 21 €/t sur Euronext. D'après Gautier Le Molgat, directeur général adjoint d'Agritel, le coronavirus pourrait continuer d'impacter les marchés agricoles pendant encore deux mois.