« Nous avons tout pour constituer un combat transpartisan afin de faire aboutir un instrument juridique à l'échelle européenne », a déclaré le socialiste Dominique Potier lors d'une conférence à l'Assemblée nationale. « Il faut qu'on leur donne une impulsion en vue des combats européens à venir », a-t-il ajouté. A ses côtés étaient présents une dizaine de parlementaires allant du communiste André Chassaigne au LR Julien Dive en passant par le macroniste Frédéric Descrozaille et l'écologiste Marie Pochon.
Leur but à court terme est d'inscrire à l'agenda parlementaire une proposition de résolution, sur la base de celle déposée en février par plus de 70 députés, invitant le gouvernement à défendre le sujet auprès de la Commission européenne et proposant une feuille de route sur les mesures miroirs à pousser à Bruxelles.
L'idée de limiter l'importation de céréales ou de viande produites dans des conditions proscrites en Europe au nom de l'environnement, du bien-être animal ou de la sécurité alimentaire a été officiellement défendue par la France lors de sa présidence de l'UE en 2022. Elle a souvent été évoquée depuis lors des discussions sur les accords de libre-échange et pendant la crise agricole.
Mais mis à part de rares dispositions européennes comme celle interdisant l'importation de cacao, café, soja, huile de palme ou viande bovine issus de terres déboisées à partir de 2025, l'idée peine encore à se concrétiser.
Inclure des clauses miroirs dans un accord de libre-échange, « c'est facile, ça prend deux minutes », a relevé Pascal Lecamp du MoDem. « Les mettre en place, c'est très lourd », a-t-il ajouté en évoquant les difficultés à faire converger les services vétérinaires de divers pays, à s'accorder sur les contrôles.
Certains Etats européens considèrent qu'il faut se concentrer uniquement sur le bien-être animal ou les pesticides, « beaucoup considèrent que ça doit se voir au cas par cas afin d'éviter de créer des obstacles injustifiés au commerce », a aussi relevé André Chassaigne.
Même en France, le sujet ne fait pas encore « complètement consensus » à l'intérieur de chaque parti, a estimé Loïc Kervran d'Horizons. « Le sujet est tellement compliqué en termes de négociation, en termes techniques, qu'il faut avoir le soutien politique le plus large », a-t-il avancé.