Avec 9 000 contrats multirisque climatique (MRC) supplémentaires et un million d’hectares protégés en plus par rapport à l’année précédente, « les agriculteurs ont globalement répondu à l’appel » suite à la réforme de l’assurance récolte, entrée en vigueur en janvier 2023, note Groupama. L’assureur a dressé, le 22 février, un premier bilan positif du nouveau dispositif assurantiel : la part de surfaces assurées en MRC est passée de 17 % en 2022 à 24 % en 2023. Dans le détail, 33 % des grandes cultures sont aujourd’hui assurées, 44 % des surfaces en viticulture, 12 % de l’arboriculture, et 9 % des prairies.
Ces dernières, qui étaient à peine 1 % à être assurées en 2022, connaissent ainsi une croissance notable, notamment dans le Massif central et en Auvergne-Rhône-Alpes. L’indice Airbus, sujet à controverse pour les éleveurs, a été renouvelé pour 2024, ce qui n’est pas le cas des autres fournisseurs d’indices, précise Groupama.
Des sinistres nombreux, mais moins intenses qu’en 2022
Outre l’augmentation des surfaces agricoles assurées, Groupama peut également se satisfaire d’un ratio sinistres sur primes qui baisse enfin, inférieur à 50 % pour 2023, alors qu’il approchait, voire dépassait les 100 % lors des cinq années précédentes, questionnant la pérennité de l’assurance récolte. « 2023 nous a donné plutôt confiance car on a connu un développement important des surfaces assurées et pour la première fois depuis longtemps, les équilibres ne se sont pas dégradés », souligne François Schmitt, président de Groupama. « L’année 2023 démontre qu’on est capable d’avoir de bonnes années, ce qui est rassurant pour tous les acteurs économiques autour de ce sujet », note de son côté Delphine Létendart, directrice Assurances de Groupama. Si 77 000 dossiers de sinistres ont été recensés (contre 86 000 en 2022), le coût de ces derniers a largement baissé, en lien avec une plus faible intensité.
La sécheresse est restée l’aléa majeur en 2023, représentant 38 % des sinistres et 320 000 hectares sinistrés – deux fois moins qu’en 2022 –, et concerne à 79 % les grandes cultures, les légumes et l’horticulture, à 21 % la viticulture. La grêle arrive en deuxième position (37 % des sinistres), touchant 290 000 ha et concernant à 60 % les grandes cultures, les légumes et l’horticulture. Ce phénomène tend à se renforcer avec le réchauffement climatique. « Les grêlons n’ont plus la même taille, et on enregistre de plus en plus de dégâts sur les bâtis agricoles », indique Sylvie Le Dilly, présidente de Groupama Centre Manche.
Une dynamique 2024 plutôt atone
Néanmoins, la dynamique enclenchée en 2023 semble se ralentir, au vu du nombre de souscriptions actuel. Le climat de 2023, plus clément que l’année précédente, n’incite pas forcément les agriculteurs à s’assurer. En élevage, les stocks de fourrage étant parfois importants dans certaines régions, la situation semble moins critique qu’à la sortie de l’été 2022. Enfin, le contexte de crise relègue également la gestion des risques au second plan, par rapport à l’enjeu de trésorerie, estime Groupama. L’assureur rappelle cependant que seuls les agriculteurs assurés peuvent bénéficier de la solidarité nationale à taux plein. Pour les non assurés, ce taux d’indemnisation passe de 45 % en 2023 à 40 % en 2024. Si les souscriptions de contrat sont encore possibles jusqu’au 29 février pour les vergers et les vignes, et jusqu’au 31 mars pour les prairies, « les surfaces assurées devraient se maintenir mais il n’y aura pas forcément de progression », indique Nadia Roignant Creis, directrice du marché agricole.
Suites de la réforme : simplifications, interlocuteur agréé
Pour permettre à la réforme d’atteindre un de ses objectifs, la rapidité d’indemnisation des agriculteurs, des simplifications sont par ailleurs nécessaires, explique Pascal Viné, directeur des relations institutionnelles. Des contraintes réglementaires pourraient notamment être allégées dans la gestion de l’indemnité de solidarité nationale. « Aujourd’hui, les agriculteurs doivent fournir des justificatifs de production pour toucher l’entièreté de cette indemnisation, ce qui présente une difficulté car pour l’année en cours, ces justificatifs n’arrivent que l’année d’après », précise Pascal Viné. Groupama demande à rendre les contrôles a posteriori, « en appliquant un principe de confiance vis-à-vis des agriculteurs.
Par ailleurs, le déploiement de la réforme se poursuit cette année, notamment avec les travaux pour mettre en œuvre le groupement d’assureurs, dont le but est de mutualiser certaines informations permettant un calcul des primes techniques au plus juste.
Enfin, la réforme prévoit également, à partir de 2024, la nécessité de déclarer un interlocuteur agréé, qui est un assureur : « en 2024, deuxième année de transition, on prend en charge les prairies et cultures non assurées de nos clients », rappelle Nadia Roignant Creis. Ce qui implique une inscription nécessaire des exploitants agricoles sur une plateforme mise en place par les pouvoirs publics, ouverte à partir du 1er mars. C’est un point de vigilance à avoir notamment pour les éleveurs non assurés, qui avaient l’habitude en cas de sinistres de déposer un dossier calamités après coup. « S’il ne sont pas inscrits sur la plateforme, ils n’auront pas accès à l’indemnité de solidarité nationale », insiste Nadia Roignant Creis. Groupama incite donc tous les exploitants agricoles à se rendre sur cette plateforme pour savoir s’il leur est nécessaire de déclarer un interlocuteur agréé.