« Les subventions à l’assurance n’ont que très peu d’impact sur la demande d’assurance récolte, en particulier pour ceux qui en bénéficieraient le plus », conclut la Banque de France dans un rapport rendu public le 24 juillet.
Dans cette analyse à grande échelle sur 17 000 agriculteurs de France métropolitaine, pendant 20 ans, la Banque de France a croisé les données du Réseau d’information comptable agricole (Rica), et des informations météorologiques et administratives sur les catastrophes climatiques.
Une assurance globalement bénéfique
Il en ressort que les exploitants les moins assurés sont ceux qui pourraient pourtant en tirer le plus de bénéfices. Car si les données montrent que la souscription d’une assurance est généralement bénéfique aux agriculteurs, avec une augmentation moyenne du revenu de l’ordre de 20 % (sans subvention) et de 23 % (avec subventions), l’étude va plus loin en s’attachant particulièrement aux détails.
Si les producteurs assurés produisent davantage, c’est finalement moins grâce aux compensations liées à l’assurance qu’à un comportement induit par le fait d’être assuré : les agriculteurs sont en effet plus enclins à investir dans leurs champs quand ils savent qu’ils obtiendront une compensation en cas d’aléas climatiques, constatent les auteurs. Et c’est d’autant plus vrai que l’augmentation du revenu ne peut pas être liée aux indemnisations en cas de choc climatique, puisque ces dernières ne compensent pas l’intégralité des pertes.
Certaines fermes qui s’assurent tirent en revanche un intérêt limité, notamment les exploitations de taille moyenne.
Surmonter les obstacles non financiers
« Le niveau des subventions à l’assurance n’est pas la cause de la faible souscription, car une augmentation des subventions à l’assurance n’entraînerait pas une forte augmentation de la souscription, et les agriculteurs nouvellement assurés ne tireraient en fait que peu d’avantages de leurs contrats », souligne l’étude. Les auteurs préconisent en effet de travailler davantage à « surmonter les obstacles non financiers » à l’assurance.
Ce sont ces obstacles non observables, les croyances, la méfiance, qui empêchent ceux qui en bénéficieraient le plus de souscrire massivement. Face à cela, les politiques publiques devraient s’attacher à cibler les petites fermes, qui ont un plus grand bénéfice à s’assurer, mais une faible probabilité de souscrire. Les agriculteurs spécialisés, qui tirent eux aussi profit de l’assurance, sont généralement déjà conscients de cette réalité et présentent des taux élevés de souscription, précisent les auteurs.
Au lieu des subventions, mécanisme « faible et coûteux », d’autres leviers pourraient ainsi être activés, tels que l’amélioration de l’information, la simplification des démarches administratives, ou encore l’aide à la souscription. Cibler les « frictions comportementales et cognitives » apparaît comme plus susceptible de donner des résultats sur l’augmentation du taux de souscription d’assurance récolte.
L’étude se base majoritairement sur des données antérieures à la réforme de l’assurance MRC, et note que le nouveau système apparaît bénéfique, notamment parce qu’il englobe potentiellement davantage d’agriculteurs. Néanmoins, après une forte augmentation des souscriptions en 2023, la progression a ralenti en 2024.