« Des audits d'évaluation ont été diligentés et permettront de déterminer une feuille de route d'ici l'été », a déclaré sans plus de précisions Philippe de Raynal, président du directoire, cité dans un communiqué qui annonce un chiffre d'affaires en légère progression au troisième trimestre pour le groupe coopératif, très endetté. Cette feuille de route sera présentée au grand public au mois de juin prochain, lors de l'annonce des résultats annuels, a précisé une source proche du groupe. Ce nouveau cap sera scruté avec intérêt, six mois à peine après la prise de pouvoir de coopérateurs opposés à la stratégie de la direction historique.
Car, selon les résultats publiés mardi, même si elle a diminué d'environ 8 % au 31 décembre, la dette nette du groupe s'élève encore à plus de 2,6 milliards d'euros, soit l'équivalent de plus de la moitié du chiffre d'affaires du groupe coopératif. C'est notamment cette donnée qui a inquiété une partie des 12 000 agriculteurs, planteurs de betteraves actionnaires et propriétaires du groupe et les a conduits à contester la stratégie de diversification internationale de ce géant du secteur sucrier. Le groupe a d'ailleurs indiqué mardi faire du désendettement « l'une de ses priorités » et a précisé que « dans ce cadre, une revue du portefeuille d'actifs est en cours ».
Le chiffre d'affaires du groupe a progressé de 2 % sur le troisième trimestre, à 1,15 milliard d'euros et est en léger recul (-1 %) sur les neuf premiers mois de l'année à 3,2 milliards d'euros. L'Ebitda (excédent brut d'exploitation) est en très nette progression (+11 % sur le trimestre, +60 % sur neuf mois), grâce notamment à une « campagne record » au Brésil, avec 20,9 millions de tonnes de canne à sucre transformées « dans de bonnes conditions de performance opérationnelle ».
En Europe, et notamment en France, les attaques de pucerons verts, provoquant la jaunisse de la betterave, ont fait chuter les rendements, de « 26 % inférieurs à la moyenne historique », une donnée « partiellement compensée par la hausse des prix du sucre et de l'éthanol européen par rapport à l'an passé et par le dynamisme du segment de l'alcool dans le contexte macro-économique », a indiqué le groupe.
Cette crise sanitaire pour les betteraviers a entraîné une réautorisation dérogatoire en enrobage des semences des néonicotinoïdes, insecticides controversés pour leurs dégâts sur les abeilles.