Rémunération carbone : le bio veut sa part du gâteau

Champs avec bande fleurie
La bio a de multiples atouts à faire valoir pour l’atténuation du changement climatique. (©Ines Porada/Adobe stock)

Diminuer ses émissions de GES et stocker le carbone, l’agriculture a un double rôle à assumer pour atténuer les effets du changement climatique. Le label bas carbone est une certification qui vise à rémunérer les agriculteurs engagés à la fois sur la diminution des émissions et la captation du carbone.

« En 2023, 125 projets ont été labellisés en France, en 2024, ce chiffre a été multiplié par 10, avec 1 326 projets », indique Johanna Manteau, chargée de mission Climat pour la Fnab (Fédération nationale d’agriculture biologique) à l’occasion du webinaire « Symbiose : les enjeux carbone en grandes cultures AB » organisé par Terres Inovia. Mais à ce jour, impossible de savoir quelle est la part du « bio » sur l’ensemble des projets labellisés. Alors même que la compensation carbone est bon outil pour « promouvoir et accompagner le développement de l’AB à travers de nouveaux types de financements, et c’est aussi un moyen pour engager des conversions », explique la responsable.

ACCT Fnab pour évaluer les fermes bio

Afin d’enrichir les labels existants et d’acquérir de nouvelles références, la Fnab a créé l’outil ACCT (Agri Climate Change Tool). Il est mis à la disposition des membres du réseau Fnab, mais il n’est pas éligible aux démarches de rémunérations. « Il permet d’avoir des références sur des cultures supplémentaires et un nombre de pratiques plus exhaustif », indique Johanna Manteau tout en précisant que la stratification des méthodes actuelles a tendance à pénaliser les systèmes bio qui sont, par nature, plus diversifiés et plus complexes.

Le déploiement de cet outil (150 diagnostics réalisés) a permis de poser quelques repères sur l’impact des fermes bio en grandes cultures. Johanna Manteau tient à préciser que l’échantillon n’est pas forcément représentatif (seulement 14 exploitations en grandes cultures).

Si l’on s’intéresse aux consommations d’énergie et aux émissions brutes de GES, le bilan est nécessairement en faveur du bio si l’on compare au conventionnel. Rappelons en effet, que la fertilisation minérale pèse lourd dans le bilan des exploitations conventionnelles. S’agissant du stockage de carbone, les exploitations de grandes cultures bio ont un stock accumulé plus élevé que la moyenne nationale des exploitations conventionnelles. Cependant, malgré les pratiques vertueuses, elles déstockent du carbone. Ce qui signifie que des marges de progrès sont encore possibles.

Approches globales et exhaustives

La filière bio pose toutefois quelques enjeux sur la table. « Le principe d’additionnalité signifie que l’on rémunère les efforts associés au projet. Ce qui handicape les agriculteurs aux pratiques déjà vertueuses. Par ailleurs, dans les dispositifs actuels, il semble illusoire d’imaginer un prix de la tonne de carbone supérieur pour les porteurs de projets biologiques alors même que les systèmes apportent des bénéfices supplémentaires », résume Johanna Manteau.

La compensation carbone est une porte d’entrée pour accompagner la transition. L’approche « bas carbone » cadre un plan d’actions vertueuses. Toutefois, il paraît indispensable de penser cette transition à l’échelle globale, en considérant tous les leviers de la résilience environnementale et de la viabilité économique des exploitations agricoles. Il est donc utile de penser à l’exhaustivité des approches, et l’ACCT fait partie de ces outils qui permettent d’évaluer un ensemble plus vaste de critères au-delà des « simples » émissions et séquestrations de carbone.

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