Les députés ont repoussé par 138 voix contre 121 l'ensemble d'une proposition de loi écologiste consacrée à l'accès à l'alimentation. Ce vote enterre mécaniquement les amendements communiste et LFI sur les prix bloqués, adoptés le matin même avec les voix de la gauche et du Rassemblement national face à « l'urgence sociale ».
Au moment où les prix alimentaires continuent de grimper, le communiste Sébastien Jumel voulait un « panier inflation » pour les produits agricoles et alimentaires avec des prix « fixés » et inférieurs à « l'inflation estimée ».
Les députés avaient également soutenu une mesure de l'insoumis Emmanuel Fernandes pour élargir à l'ensemble du territoire un « bouclier qualité-prix » déjà en vigueur dans les Outre-mer pour les produits alimentaires et d'hygiène « indispensables ». Son amendement prévoyait a minima « le blocage des prix pour cinq fruits et légumes de saison ».
Le ministre des Solidarités, Jean-Christophe Combe, avait tenté de s'y opposer en estimant que les « prix réglementés trop bas peuvent entraîner l'apparition de pénuries », car les producteurs peuvent s'en « détourner » en « jugeant trop faibles » les perspectives de profits.
Des députés macronistes ont aussi rappelé les engagements des distributeurs auprès du gouvernement : un trimestre anti-inflation autour d'une gamme de produits. A droite, la LR Anne-Laure Blin a pilonné le « soviétisme » et la « décroissance » de la gauche.
Auparavant, les députés avaient commencé à détricoter cette proposition de loi écologiste d'une prime alimentaire de 50 euros par mois pour les plus modestes, en s'en tenant aux promesses gouvernementales d'un fonds pour une aide alimentaire durable.
Jean-Christophe Combe a défendu le programme gouvernemental « Mieux manger pour tous » de 60 millions d'euros en 2023, annoncé par l'exécutif dès l'automne. Sont prévus « 40 millions d'euros au niveau national », notamment pour « permettre aux associations de distribution alimentaire de pouvoir accéder à des produits frais » et « de qualité ».
Le programme comprend 20 millions d'euros en soutien « d'initiatives locales », dont de possibles expérimentations de « chèques ciblés » lancées par des collectivités pour l'accès à des denrées « alimentaires produites localement », en « circuits courts ».
La promesse d'un chèque alimentaire est un serpent de mer du gouvernement depuis plus de deux ans.
Les écologistes ont ensuite essuyé un revers sur une autre mesure, leur volonté d'interdire à partir de 2024 les additifs nitrés dans toutes les charcuteries, ou au moins dans le jambon cuit, « particulièrement prisé des enfants ». « Sur les nitrites, c'est incompréhensible, on est sur des substances cancérogènes », a dénoncé la présidente du groupe EELV Cyrielle Chatelain. Le gouvernement a mis en avant le plan de réduction de l'utilisation des additifs nitrés dans les aliments, dévoilé fin mars.
A l'origine de la proposition de loi rejetée, l'écologiste Francesca Pasquini a dénoncé une « marque de mépris évidente » du gouvernement sur son texte.