Le couvert à sa place dans la rotation
L’implantation d’un couvert a un coût et peut prendre du temps à une période où les chantiers de récolte ne manquent pas. La première chose à faire est donc de se poser la question du rôle du couvert dans sa rotation.
On privilégiera par exemple un couvert riche en graminées estivales (sorgho, millet, moha) sur une interculture courte pour produire de la biomasse, ou encore un couvert riche en vesce en interculture longue pour gérer le salissement et restituer de l’azote à la culture suivante.
Selon le développement de la culture, il faut être opportuniste, un couvert d’été qui n’a pas produit la biomasse espérée pourra par exemple, permettre un sursemis avec un couvert d’hiver. Une autre option est possible en interculture longue, en semant un double couvert été-hiver.
Choix des espèces, ne pas se tromper
Le choix des espèces est à faire en fonction de la date de semis et de la capacité des espèces à germer ou à se développer en conditions sèches. Les graminées estivales (gélives) qui germent dans le sec, offrent de très bons résultats en conditions sèches. Cependant, pour qu’elles produisent de la biomasse, elles doivent être semées avant le 10-15 août. Il faut compter minimum 60 jours de développement pour qu’un couvert s’exprime, 80-90 jours est l’optimal. Les vesces peuvent être très agressives et se comportent bien en conditions sèches, mais produisent de la biomasse surtout en fin d’été.
C'est parti #couverts 2022 #ACS #carbon pic.twitter.com/d3x3BJu8uH
— Mandrin Jean-pierre (@jpman70) July 10, 2022
En conditions sèches, on pourra, par exemple, semer un mélange sorgho fourrager/niger/vesce commune (7/3/16 kg/ha) ou millet/trèfle d’Alexandrie (7,5/7,5 kg/ha). Le pois fourrager et la féverole s’en sortent bien en conditions sèches mais préfèreront des conditions plus humides pour germer.
En conditions plus humides, on pourra implanter comme légumineuse, du pois fourrager et de la féverole, par exemple : sorgho fourrager/pois fourrager/trèfle Alexandrie (7/18/3 kg/ha).
En interculture longue avant maïs, on pourra implanter en couvert d’été un sorgho en pur (20 kg/ha) que l’on pourra rouler pour implanter une féverole (160 kg/ha) ou un mélange avoine ou triticale/féverole/pois/vesce (50/60/25/25 kg/ha). Le couvert de féverole est facile à implanter, mais peu efficace dans la gestion des adventices. Le second est un type méteil fourrager, couvrant et structurant, riche en légumineuses (viser 70-80 % de légumineuses).
Anticiper
Quand les moissons arrivent, on n’a guère le temps de préparer ses mélanges de couverts, or la réussite de leur implantation repose avant tout sur l’organisation des chantiers en été. Anticiper la préparation de ses mélanges facilite leur semis post moisson, période à laquelle le sol s’assèche vite.
Pour les semis de fin d’été, il est déterminant d’ anticiper les pluies. Cela permet de réhumidifier le sol et de sécuriser son implantation.
Semer tôt !
Il ne faut pas attendre plus de 48 h après la moisson pour semer son couvert d’été. Attendre plus, c’est prendre le risque de perdre une humidité de sol précieuse, d’augmenter les pertes de levée et de faire lever des repousses.
Certaines techniques innovantes nous bousculent , vous bousculent. Objectif : tester les techniques culturales de demain.
— GUYOT Vincent (@GuyotVincent02) July 12, 2022
Préparation du T-drill pour semis précoce d'un couvert végétal dans la modalité #ACS #ABC sur la plate-forme @Coopceresia .
Aussitôt récolte
Aussitôt semé. pic.twitter.com/2i4IlwVsmy
Le bon matériel
Les semoirs à dents permettent généralement une meilleure qualité d’implantation post récolte avec un meilleur développement du couvert d’été. Ils rentrent plus facilement dans le sol sec estival sans trop perturber la surface et l’assécher.
En semis de fin d’été, c’est la reprise en masse du sol, la présence (et le type) de résidus et le salissement qui sont à observer pour déterminer la méthode d’implantation. Trois techniques sont possibles : semis à la volée suivi d’un déchaumage pour enfouir les semences, un semis classique après travail de sol ou semis direct sur sol non travaillé.
Pour résumer :
Implantation | Conduite/matériel | Conditions de réussite |
Semis à la volée avant ou pendant la récolte | Semis à la volée avant moisson ou pendant la récolte sous la barre de coupe. Semoir centrifuge ou épandeur à engrais. | - Anticiper les pluies d'été post-semis - Texture du sol grumeleuse à l'implantation - Pas de rémanence d'herbicides - Surdoser le semis |
Semis après récolte dans les chaumes (couvert d’été ou double couvert) | Moissonner et semer le plus rapidement possible. Semoir à dent étroite. | - Organisation des chantiers d'été : les semis de couverts sont importants - Semer après 48 h maximum après la moisson |
Semis en fin d'été | Semis au semoir classique (d'autres techniques peuvent être envisagées selon le matériel à disposition) OU Semis direct sur sol non travaillé : semoir à dents de préférence (dans chaume ou sur sol nu) | - Sol réhumidifié - Pluie rapidement après semis - Gérer le salissement - Éviter la reprise en masse du sol |
Le couvert, un investissement avant tout
Le coût d’implantation d’un couvert d’été peut être élevé comparé à la biomasse produite. Cependant, le Centre de Développement de l’agroécologie propose de ne pas voir les couverts comme des coûts, mais bien comme un investissement. Il rend des services (production d’exsudats racinaires, gestion des adventices …), contrairement à une interculture nue qui n’entretient pas la fertilité du sol (minéralisation, déstockage matière organique) et ne permet pas de gérer l’enherbement.
Viser maximum 150 €/ha pour implanter un couvert. Privilégier les semences de ferme permet de diminuer les coûts d’implantation. Utiliser ses semences de pois permet d’augmenter ses densités de semis sans augmenter le coût de son couvert.
Le choix des espèces, du matériel, l’anticipation et la réactivité dans les semis sont autant de facteurs importants pour réussir un couvert d’été. Il faut avant tout comprendre son utilité, auquel cas on aura tendance à ne pas prioriser son semis et à rater son implantation. Un couvert réussit est donc avant tout un couvert qui à un rôle à jouer !