Le commissaire a proposé à ses collègues de la Commission de rejeter les demandes d'autorisation de culture du maïs Bt 11 de la firme suisse Syngenta et du maïs 1507 de Pioneer, filiale de l'américain DuPont. La culture de ces deux maïs a reçu un avis favorable en 2005 de l'Autorité européenne de sécurité alimentaire (EFSA), basée à Parme. Mais, selon cette source, le commissaire veut invoquer le principe de précaution car d'autres études ont émis des doutes sur les effets à long terme, notamment lorsqu'ils sont ingérés par des "organismes non ciblés" comme des oiseaux.
Les maïs Bt sont des variétés qui ont été modifiées pour leur conférer une résistance aux principaux insectes nuisibles, entre autres la pyrale. Le maïs 1507 est lui résistant à certains lépidoptères (papillons). "Cette décision est un bon pas dans la bonne direction. Lorsqu'il y a des incertitudes scientifiques, l'UE devrait toujours appliquer le principe de précaution", a souligné l'organisation non gouvernementale Greenpeace. A l'inverse, Europabio, qui regroupe les industries biotechnologiques, s'est dite "surprise" par cette information, en soulignant que l'UE autorise l'importation de ces deux maïs cultivés notamment aux Etats-Unis. "M. Dimas ne donnerait pas la possibilité aux agriculteurs européens de cultiver des plantes que l'Europe. C'est contradictoire", a estimé l'association.
La proposition de la Direction générale (DG) de l'environnement de la Commission n'a cependant pas reçu pour l'instant l'aval des autres DG de l'exécutif européen qui redoutent de prêter le flanc à de nouvelles critiques devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Mais M. Dimas entend faire monter le débat au niveau politique du collège des commissaires. Les procédures d'autorisations de l'UE sont surveillées par l'OMC qui, si elle ne les conteste pas sur le fond, avait critiqué des "retards indus" en examinant la plainte des Etats-Unis, le Canada et l'Argentine contre le moratoire qui a existé dans l'UE entre 1999 et 2004.
Depuis la levée de ce moratoire, quinze OGM ont été autorisés dans l'UE, y compris les deux maïs en question, mais seulement à des fins d'importation pour l'alimentation animale et humaine ou de transformation pour l'industrie. La Commission n'a encore pas pris de décision sur des demandes de culture, les cas les plus controversés. Elle pourrait cependant donner son feu vert à la culture d'une pomme de terre transgénique à des fins principalement industrielles dans les prochaines semaines. Les pays européens sont très divisés sur les OGM, et les consommateurs souvent hostiles.
Seul le maïs MON 810 de Monsanto est cultivé commercialement dans l'UE, à hauteur de 110.000 hectares, principalement en Espagne (75.000 ha) et en France (22.000 ha), selon Europabio. La France, où les surfaces cultivées ont été multipliées par quatre en un an, a d'alleurs annoncé jeudi le gel de cette culture jusqu'à le vote d'une nouvelle loi en janvier.