Sur les cinq continents, l’isard, ce petit cousin du chamois, travaille le sol. Cet animal, emblème des Forges des Niaux depuis l’entre-deux-guerres, est gravé sur tous les disques conçus par l’entreprise. Installées depuis 1881 au cœur du parc naturel régional des Pyrénées ariégeoises, la vallée du Vicdessos, dans le village (174 habitants !) dont elles portent le nom, les Forges irriguent les plus grands constructeurs de la planète, une vingtaine au total, parmi lesquels John Deere, Horsch, Kverneland, Sky Agriculture, Degelman, Bourgault Industries…
Et cette aventure n’est pas près de s’arrêter. L’entreprise développe une nouvelle usine à Pamiers, non loin de ses racines, pour doubler sa capacité de production. « Nous fabriquons 1,1 million de disques aujourd’hui par an. L’objectif est d’arriver entre 2,3 et 2,5 millions », annonce Laurent Pineda, le président et directeur d’exploitation du site, présent sur le salon Agritechnica, à Hanovre jusqu’au 18 novembre.
L’intelligence artificielle pour aider à la décision
Cette usine, qui remplace l’ancienne, chargée d’histoire mais devenue inadaptée aux évolutions modernes, fonctionne depuis le printemps dernier. « Elle tourne actuellement à 50 % de sa capacité. Nous visons le plein régime pour le printemps 2024 », avance le dirigeant. Ce nouvel outil de production emploiera autant de personnel qu’aujourd’hui, soit environ une centaine de salariés.
« Nous sommes une industrie lourde, avec une certaine pénibilité. Nous avons automatisé et numérisé certains process. Nous promouvons l’emploi local depuis longtemps en offrant des postes très qualifiés en métallurgie, robotique et productique », explique Laurent Pineda, qui s’intéresse fortement à l’intelligence artificielle. « Elle n’est pas là pour nous dire quoi faire. Mais, par exemple, elle peut analyser une trentaine d’images par seconde, ce que l’humain ne peut pas faire, pour juger et apprécier le produit. C’est une aide à la décision. »
Entre 85 % et 90 % à l’exportation
L’usine émettra également 70 % de CO2 de moins qu’avant. « Elle nous oriente vers la pérennité, vers la responsabilité, avec une vision sociale, économique et environnementale pour nos employés, nos clients et la planète », résume le directeur d’exploitation. L’acier utilisé par les Forges de Niaux est ainsi 100 % français.
« Cela donne au final un vrai produit made in France. Nous sommes sur un marché de niche mais avec une réputation mondiale », poursuit-il. 85 % à 90 % de la production de l’entreprise est exportée. « Alliant débit de chantier et adaptabilité à des situations pédo-climatiques variées, le disque voit son marché augmenter », met en avant l’entreprise.
Des disques alliant dureté et flexibilité
Le brevet Niaux 200, baptisé en référence à la dureté du produit, incarne la qualité Forges de Niaux et son combat contre l’obsolescence programmée, « un reproche souvent fait aux constructeurs », appuie l’entreprise. Cette technologie confère dureté mais aussi flexibilité pour faire face aux contraintes rencontrées par le moyeu. Les disques sont ensuite développés en partenariat avec les constructeurs pour définir le type de biseau et de flanc souhaité. « Cela nous permet de rester toujours en contact avec les tendances actuelles », constate Laurent Pineda, qui milite auprès des constructeurs pour qu’ils se fournissent également en pièces de rechange aux Forges.
L’investissement pour la nouvelle usine se chiffre à 13 millions d’euros. Elle est sortie de terre grâce à la famille Rodenbostel et à Laurent Pineda (actionnaires des Forges de Niaux à titre individuel), avec le soutien de l’État (France Relance et Ademe), la région Occitanie, le département de l’Ariège et la communauté de communes des Portes d’Ariège — Pyrénées. « L’Ariège gagne à être connue. Elle est idéalement située, sur l’axe Toulouse-Barcelone, et regorge d’entreprises de pointe, des pépites dans la peinture, l’aéronautique, le médical… Nous sommes fiers de notre territoire », conclut Laurent Pineda.
