« L’automne 2025 pourrait être potentiellement la dernière campagne pour le flufenacet, matière active utilisée aujourd’hui sur environ 40 % des surfaces de céréales à paille dans l’Hexagone », rappelle Magalie Devavry, responsable technique herbicides céréales à l’occasion du colloque HerbiPro.
Dans ce contexte, « le besoin d’innovation n’a jamais été aussi pressant », indique sa collègue, Alice Nolli, chef marché herbicides céréales.
Un nouvel herbicide à venir pour l’automne 2026
À ce sujet, la firme est actuellement dans l’attente d’une décision de l’Anses et espère pouvoir proposer à l’automne 2026 un nouvel herbicide pour les céréales à paille, composé d'aclonifène (500 g/l) et de diflufénican (100 g/l). Encore sous le nom de code « Aclo Duo », Bayer y voit « la pièce maîtresse du désherbage de demain sur blé tendre et orge d’hiver ».
« Jusqu’alors, nous étions présents avec Mateno (flufenacet, diflufénican et aclonifène), uniquement sur blé tendre. Nous cherchions une solution plus souple », note Magalie Devavry.
« L’aclonifène est désormais une molécule pilier du désherbage d’automne. Son association avec le diflufénican renforce l’efficacité globale du produit et optimise le spectre d’action contre les graminées telles que le vulpin, le ray-grass, le pâturin annuel et également contre les dicotylédones. Le suivi de la recommandation, "je sème - je désherbe", permet d’obtenir les meilleures efficacités. » « La souplesse d’utilisation d’Aclo Duo en post-semis/prélevée, en association avec un herbicide partenaire ou en programme, apportera une réponse robuste aux défis du désherbage des céréales d’automne », souligne Alice Nolli.
« Bien sûr, la chimie ne résoudra pas tous les problèmes et cela sera d’autant plus vrai, avec la diminution des matières actives et une pression graminées exacerbée. A travers les plateformes et évènements Herbinnov, Culture Champs ou plus récemment HerbiPro, Bayer continue d’explorer et de marteler l’importance des leviers agronomiques : décalage de la date de semis, faux-semis, labour, désherbage mécanique, etc. », indique Magalie Devavry
Le levier variétal est aussi étudié, avec notamment l’effet couvrant des plants. « Bayer vise une inscription de variété de blé hybride pour la fin de la décennie en Europe de l’Ouest. La firme y voit plusieurs atouts à considérer dans la stratégie de désherbage, comme une meilleure adaptation au semis tardif, une meilleure vigueur à la levée, une moindre régression de talles ou encore une biomasse (aérienne et racinaire) supérieure. La tolérance au chlortoluron du blé tendre est également un critère de sélection incontournable. »
L’IA au service de la recherche
Comme pour dans d’autres secteurs, l’intelligence artificielle (IA) a également transformé la recherche Bayer : « 80 % de ce qu’on fait en laboratoire pour la protection des cultures n’existait pas il y a 5 ans », indique Mélanie Héroult, directrice Weed control research, Bayer Global. La firme a ainsi développé la méthode CropKey. « Avant, on avait une banque de clés, les molécules. On les essayait une à une pour trouver celle qui convienne à la serrure, la protéine ciblée. Aujourd’hui, on part plutôt de cette protéine et on développe la clé sur mesure ».
« Un grand nombre de paramètres est pris en compte dès les premières étapes de recherche, dont la sécurité et la durabilité des molécules ». Bayer a actuellement une trentaine de molécules issues de la méthode CropKey à l’étude et envisage la commercialisation de son premier herbicide nouvelle génération en 2030. C’est le premier nouveau mode d’action en post-levée sur de grandes superficies depuis 30 ans. »
NB : Article mis à jour, publié initialement le 28 février 2025.