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Ils ont suivi 40 tracteurs bardés de capteurs pendant plus de 20 000 heures de travail. « L’objectif de cette étude était de déterminer quels leviers activer pour réduire la consommation de carburant », explique Didier Debroize, de la chambre d’agriculture de Bretagne, lors d’une conférence au Space, qui s’est tenu à Rennes du mardi 12 au jeudi 14 septembre. Le résultat de l’étude est éloquent : le transport sur la route représente un gain potentiel de 21 % d’énergie. « D’autant que plus le tracteur est puissant, plus il est utilisé en transport, pour amener du matériel, en pulvé par exemple », souligne l’expert. Face à ce constat, « travailler sur son parcellaire devient une nécessité pour tous les agriculteurs », lance-t-il.
Un exemple concret : l’exploitation d’une parcelle de 10 ha de maïs ensilage située à 1,5 km de la ferme entraîne la consommation de 1400 l de GNR par an. Pour la même parcelle, distante de 7 km cette fois, c’est 1 800 l de carburant qu’il faut dépenser. « Sur 10 ans, c’est également 300 heures de travail en plus, soit 3 300€ en se basant sur le Smic. Donc en une décennie, en additionnant le temps de travail et l’énergie, la facture s’élève à 8 300 € supplémentaires pour la parcelle la plus éloignée », détaille Cyril Guérillot.
L’échange en jouissance, une solution souple et accessible
Les chiffres sont parlants, les économies sont là mais les mentalités évoluent pourtant lentement. « La sobriété, on n’y est pas. Avec l’augmentation de la taille des exploitations et le manque de main d’œuvre, la tendance n’est pas à la diminution de la consommation de carburant. Et quand je parle de diminuer la puissance des tracteurs dans une exploitation, on m’arrête tout de suite. La question du foncier est, elle aussi, fondamentale mais elle n’est pas assez poussée. Souvent, l’agriculteur va chercher du terrain sans mesurer l’impact sur son exploitation, alors qu’une parcelle trop lointaine, c’est se tirer une balle dans le pied », assène Didier Debroize.
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Les bénéfices d’un parcellaire cohérent ne se situent pas qu’au niveau du carburant. « C’est aussi améliorer ses conditions de travail, agir pour l’environnement et choisir son système de production. Par exemple, en élevage, c’est augmenter les possibilités de pâturage », confie Cyril Guérillot. « On ne travaille pas de la même façon une parcelle proche qu’une lointaine à cause des contraintes. Plus il y a de distance, moins on a de choix », abonde Didier Debroize.
Les chambres d’agricultures peuvent accompagner et guider les agriculteurs dans leurs démarches. Et si l’échange de propriétés peut en effrayer certains, il existe d’autres moyens, plus souples et simples à mettre en œuvre, comme l’échange en jouissance, qui ne porte que sur l’usage des parcelles. « Réorganiser son parcellaire, ce n’est pas toujours simple. Mais si on ne met pas le nez dedans, ça ne risque pas d’évoluer. Et c’est toujours utile, même à l’approche de la retraite. Dans une transmission, les jeunes regardent souvent le foncier en premier aujourd’hui », conclut Didier Debroize