Faut-il reconquérir la souveraineté alimentaire ou s'adapter à la dynamique des marchés ?

Bateau avec du blé
La balance commerciale agricole et agroalimentaire est devenue déficitaire. (©Stéphane Leitenberger/adobe stock)

Alors qu’en mars 2020, Emmanuel Macron expliquait que « ce serait une folie de déléguer notre alimentation à d’autres », la balance commerciale agricole et agroalimentaire est devenue déficitaire. Pour la première fois depuis des dizaines d’années, la France importe plus qu’elle n’exporte. Lors des Assises de l’agriculture et de l’alimentation, organisées par le journal Ouest-France, s’est posée la question de la souveraineté alimentaire. Est-ce une nécessité de la reconquérir ou faut-il accepter de s’adapter à la dynamique des marchés ?

Que ce soit pour Anne-Marie Denis, administratrice de la FNSEA et éleveuse dans l’Orne, ou pour Philippe Pointereau, président de la fondation Terre de Liens, il faut défendre la souveraineté alimentaire, qui représente avant tout la possibilité de remplir l’assiette des Français avec des produits sains et durables. Les deux observateurs constatent une érosion de cette souveraineté. « 37% de ce que nous mangeons est importé », souligne Philippe Pointereau.

Pour autant, la France reste un grand pays agricole, qui, paradoxalement, continue d’exporter. « Il y a des produits pour lesquels nous sommes autosuffisants, d’autres non, reconnait Anne-Marie Denis. Nous avons aussi des productions en excès par rapport à nos besoins que nous devons exporter. Nous avons aussi le devoir de nourrir les pays qui ne peuvent pas produire assez pour leur population ».

Si l’éleveuse estime que l’agriculture française doit continuer à s’inscrire dans les marchés mondiaux, elle regrette que ces échanges internationaux manquent d’encadrement. « C’est déloyal d’importer des produits moins chers que les nôtres car ils n’ont pas les mêmes coûts de production, les mêmes exigences environnementales, souligne Anne-Marie Denis. La France ne devrait pas importer ce qui ne répond pas à ce qu’on exige aux producteurs français ».

Se recentrer ou continuer à exporter ?

Face à cette concurrence déloyale qui entraine les prix vers le bas, Philippe Pointereau pointe un système qu’il estime à bout. « A part pour quelques produits, comme le café ou le chocolat, il y a beaucoup de produits qu’on pourrait produire en France plutôt que de les importer, insiste-t-il. On exporte de plus en plus, on importe de plus en plus. la France importe du soja et exporte du blé. Ce n’est pas durable. Ethiquement, écologiquement, il est plus cohérent de rapprocher la production de la consommation. La France est l’un des pays avec le plus de surface agricole par habitant, on devrait pouvoir remplir nos assiettes ».

Eduquer au bien manger

Entre les tensions géopolitiques, les accords bilatéraux et l’important renouvellement des générations, la souveraineté alimentaire risque pourtant de subir des turbulences. « Pour la maintenir, il faut des agriculteurs, plaide Anne Marie Denis. Et on n’installera pas de jeunes sans perspective de revenu correct. ». Si les clauses miroirs, qui voudraient appliquer les mêmes exigences aux produits que nous importons que celles que doivent intégrer les producteurs français, semblent un vœu pieu, Anne-Marie Denis et Philippe Pointereau se rejoignent sur la nécessité d’éduquer les Français à manger local et de saison et de généraliser l’étiquetage de l’origine sur tous les produits alimentaires. Un moyen d’encourager à la consommation de produits français et de créer un appel d’air salvateur pour les productions hexagonales.

Inscription à notre newsletter

COACHING

Coaching

Avec Charlie, mon coach agri, approfondissez vos connaissances, pilotez votre exploitation et optimisez vos décisions

MATÉRIELS D'OCCASIONS

Terre-net Occasions

Plusieurs milliers d'annonces de matériels agricoles d'occasion

OFFRES D'EMPLOIS

Jobagri

Trouvez un emploi, recrutez, formez vous : retrouvez toutes les offres de la filière agricole

Réagir à cet article