Jeunes Agriculteurs Normandie fait la promotion de l'apprentissage et des stages en exploitations agricoles sur les réseaux sociaux, pour attirer des jeunes dans les fermes, mais aussi inciter les exploitant(e)s à en accueillir.
Le message est clair, simple, concis, percutant. Il met en avant « trois bonnes raisons pour... »
- être agriculteur maître de stage ou d'apprentissage
La première : « former », mais pas seulement : il s'agit « d'écouter, aiguiller, encourager ».
La deuxième : « partager », « son savoir-faire et ses pratiques » bien sûr, mais aussi « ses conseils ».
La troisième : « transmettre », « la passion du métier » pour susciter ou conforter des vocations. Qui sait s'il n'y a pas, dans ce vivier, « un futur salarié ou associé ».
- être stagiaire ou apprenti dans une ferme
La première : « apprendre », notamment « les spécificités du métier, les gestes techniques et la vie en entreprise ».
La deuxième : « confirmer » « le choix d'orientation ou un changement de carrière ».
La troisième : « élargir son horizon » et « accroître son expérience ».
- utiliser la plateforme Stage-agricole.com
La première : « mettre en relation stagiaires, apprentis, maîtres d'apprentissage et stage ».
La deuxième : « s'ouvrir » à « d'autres profils, productions, régions ».
La troisième : « l'outil, numérique, est très pratique ». Il centralise toutes les offres et demandes, et leur donne de la visibilité.
La motivation du candidat est déterminante
L'utime argument de deux maîtres d'apprentissage ou de stage. « Stage-agricole.com permet de mettre en contact des personnes qui ne se seraient pas croisées autrement », fait remarquer Pierre, polyculteur-éleveur laitier dans l'Eure. « C'est vraiment la motivation du candidat qui donne envie de le prendre ! », insiste Paul-Albert, qui élève des vaches laitières dans la Manche.
Retrouvez leurs témoignages complets, en vidéo, sur Youtube.
« On finit par avoir le retour sur investissement »
En plus de prendre la relève de la ferme familiale, Pierre et son frère ont pris celle de l'accueil d'apprentis et stagiaires. « Cela permet de rencontrer des personnes issues d'autres fermes voire d'autres milieux que l'agriculture », appuie-t-il. « C'est aussi une aide précieuse pour le travail, au quotidien », reconnaît l'exploitant, alertant cependant : « Il faut être compréhensif. Les jeunes ne connaissent pas la ferme, il faut bien leur expliquer, leur laisser du temps, sans s'énerver. On finit par avoir le retour sur investissement quand ils effectuent leurs missions correctement, en autonomie. »
« Être clair sur ses besoins »
Ancien stagiaire, Paul-Albert estime « ce retour d'ascenseur important pour la nouvelle génération comme son exploitation ». Peut-être trouvera-t-il de cette manière un associé pour plus tard ? Il met toutefois en garde : « Il faut être clair sur ses besoins, le niveau de formation souhaité, le déroulement du stage : les tâches confiées, les horaires... »
Un juste retour d'ascenseur.
Le jeune producteur conseille de faire un entretien, au moins téléphonique, pour « voir à qui on a affaire et si la personne correspond à ce qu'on cherche ». « Faut vraiment que leur détermination se ressente dans leur CV, et surtout au moment de la prise de contact, car le métier d'agriculteur exige beaucoup d'énergie », conclut-il. Pierre, lui, recommande, pour se « sécuriser » d'un côté comme de l'autre, une période d'essai de quelques jours, via un contrat avec le service de remplacement.
« Avant de reprendre, regarder les chiffres »
JA Normandie pose également trois questions en vidéo, cette fois à des jeunes installé(e)s en agriculture, pour cibler les clés de succès de leur installation agricole.
Comme Alexis, 23 ans, qui a repris hors cadre familial la SCEA Ferme de l'église à Manéglise (Seine-Maritime). Une structure en polyculture-élevage avec 100 vaches laitières et des productions végétales sur 88 ha (maïs, blé, lin, betteraves). Le premier élément à regarder selon lui avant de reprendre une exploitation... les chiffres ! Pour évaluer sa performance. Autrement dit : « savoir où on va, ce qu'on va pouvoir faire dans les années futures », explique-t-il. Être apprenti au sein de la ferme l'a bien aidé sur ce point.
Deuxième point de vigilance : la transmission des savoirs et savoir-faire, facilitée ici aussi par cette période d'apprentissage suivie d'une autre en association avec le cédant. Le jeune agriculteur envisage d'ailleurs un même partage d'expérience avec de futurs apprentis. Enfin, tout en maîtrisant les données technico-économiques, « il ne faut pas hésiter à foncer, car le train ne passe qu'une fois », encourage-t-il.
« Démontrer ses compétences »
Quant à Jennifer, 38 ans, elle est agricultrice au Gaec des Bunelières depuis 17 ans, en bovins lait dans le bocage ornais. Après y avoir effectué son apprentissage pendant son BPREA, elle s'est installée sur l'exploitation d'un voisin. Premier facteur pour réussir son projet : « Faire mes preuves, démontrer mes compétences en tant que femme, non issue du milieu agricole » qui plus est, répond-elle.
Il fallait « montrer que j'étais capable de réaliser telle ou telle tâche aussi bien qu'un homme car j'étais souvent attendue au tournant ». « Heureusement, les mentalités ont bien changé ! », souligne-t-elle. Elle y voit cependant un atout : une plus grande sensibilité vis-à-vis des animaux. Elle encourge toutes celles qui hésitent à sauter le pas : « il faut être déterminée et ne pas se laisser marcher sur les pieds », conseille-t-elle.
