« Yara France a présenté aux représentants du personnel de l'entreprise un projet d'arrêt des productions industrielles réalisées sur le site de Pardies (...) au dernier trimestre 2018 », a confirmé mercredi la filiale française du groupe norvégien, dans un communiqué transmis à l'AFP.
Le groupe a justifié cette décision par de « multiples difficultés » économiques pour l'usine, évoquant « un marché qui se contracte » pour ses principales productions (acide nitrique et nitrates), des « clients industriels qui ont stoppé » certaines activités, « des phénomènes de surcapacité », et enfin « une concurrence accrue entraînant de fortes pressions à la baisse des prix ». « Ces phénomènes se sont sensiblement amplifiés au cours des deux dernières années » et malgré des efforts de redressement, l'usine a subi une « perte cumulée de 9 millions d'euros sur les trois dernières années », argumente Yara, selon qui les « prévisions montrent qu'il n'y a pas de réelles perspectives pour l'avenir du site ».
Les syndicats ont rejeté en bloc ces arguments. « Le site ne serait pas rentable. On nous annonce des pertes considérables à l'horizon 2021 » mais la direction n'est « même pas capable de donner des chiffres pour l'année prochaine » en invoquant « un marché très instable », a indiqué à l'AFP Jean-François Derolez, élu CGT et représentant au CCE. « En fait, je pense que c'est une offrande de la France à la Norvège ! La direction norvégienne (du groupe) pratique le protectionnisme », a accusé l'élu CGT, selon qui une centaine de salariés risquent de perdre leur emploi.
A l'issue d'une assemblée générale tôt mercredi matin, les syndicats de l'usine ont lancé un mouvement de grève pour 24 heures, reconductible et suivi quasiment à 100 %, a-t-il ajouté.
La direction précise de son côté qu'elle va s'efforcer de trouver un repreneur. Si cette recherche « ne devait pas aboutir, des solutions d'accompagnement seraient mises en œuvre pour trouver une solution d'avenir pour les 85 salariés du site », dit-elle, assurant vouloir favoriser dans ce cas « la mobilité professionnelle et/ou géographique, ainsi que la réalisation de projets personnels ou professionnels ».
Yara emploie au total 700 personnes en France sur quatre sites : Montoir-de-Bretagne en Loire-Atlantique, Ambès en Gironde, Le Havre en Seine-Maritime, et Pardies. Le site béarnais produit du nitrate d'ammonium, avec une capacité maximale de 80.000 tonnes par an, selon M. Derolez.
Le fabricant norvégien d'engrais minéraux a présenté le mois dernier des résultats 2016 décevants, et même dans le rouge sur le dernier trimestre, pâtissant d'une baisse prononcée des prix de ses produits-phares. Pour doper sa rentabilité, Yara International a mis en place un programme d'économies visant à améliorer d'au moins 500 millions de dollars ses bénéfices avant impôts (Ebitda) à l'horizon 2020, dont 150 millions dès cette année.