Jean-Michel Bodin, céréalier, a choisi de privilégier la biodiversité

Céréalier en Indre-et-Loire, Jean-Michel Bodin est passionné par les arbres et la biodiversité.
Céréalier en Indre-et-Loire, Jean-Michel Bodin est passionné par les arbres et la biodiversité. (©Christophe Lopacki)

« Quand je me suis installé sur la ferme, mon premier aménagement a été de planter des arbres. Si on ne commence pas à les planter tôt, on ne peut pas en profiter », se souvient Jean-Michel Bodin, céréalier à Saint-Laurent-en-Gâtines en Indre-et-Loire (37). Cela fait maintenant plus de 40 ans qu’il est à la tête de l’exploitation familiale, la ferme de la Butte, achetée par son grand-père dans les années 1930, et constituée de 50 ha de bois et de 110 de cultures.

Les premiers arbres ont maintenant bien poussé et chaque année, il plante inlassablement. « Quand on aime les arbres, on n’arrête jamais ! On plante aussi pour les générations futures », s’exclame-t-il. Son souhait : façonner son environnement, en évitant d’avoir des parcelles de céréales battues par le vent. Et il cherche aussi à préserver la petite faune sauvage.

Jean-Michel a instauré une bande enherbée de 3 m sur un côté de la haie. ( © Christophe Lopacki)

« Voir un lièvre passé dans la cour le matin, entendre les faisans chanter… C’est un bonheur toute la journée », s’émerveille le céréalier, également passionné par la chasse. Et c’est justement grâce à la Fédération des chasseurs qu’il a commencé, il y a 15 ans, à replanter des haies. La fédération fournissait gratuitement les plants, restaient à sa charge le labour, la mise en place du plastique et le relèvement de la terre autour, et toute la main-d’œuvre. Aidé par des amis, en une journée, il a planté plus de 3 km de haies, constituées de 17 essences plutôt locales, à vocation nourricière pour le petit gibier et la petite faune de plaine.

« J’ai donc des haies de taille moyenne avec des arbustes, et des haies de haute tige avec des chênes par exemple. C’est un ensemble plutôt varié. Certaines haies sont en bordure des chemins, d’autres dans les champs. J’ai aussi coupé une plaine de 27 ha avec une haie car je trouvais ça trop grand. Cela a horrifié mes voisins au début, mais tout le monde s’y fait maintenant ! »

Il a instauré une bande enherbée de 3 m sur un côté de la haie pour permettre à la petite faune de plaine de pouvoir circuler, se nourrir et nicher. Mais aussi pour abriter des auxiliaires pour ses cultures. Ses lisières de bois sont également aménagées. Il a d’abord choisi d’y mettre de l’herbe et des légumineuses, mais face aux dégâts de sangliers, il mise désormais sur le panic érigé ou le miscanthus.

L'agroforesterie est le nouveau défi que se lance Jean-Michel Bodin. ( © Christophe Lopacki)

L’agroforesterie, un nouveau défi

Après les haies, il a aussi planté des arbres d’alignement puis s’est lancé dans l’agroforesterie sur 2 ha. Dans cette petite parcelle, « j’ai choisi des bois de valeur menuisière, des arbres fruitiers, des arbres d’ornement. Ce n’est pas de la mono espèce », explique-t-il. Le début est un peu compliqué, reconnaît-il : « sur les bandes enherbées au pied des arbres, j’ai une prolifération de chardons. Ils envahissent les bandes de céréales entre les arbres, c’est compliqué à gérer. J’ai eu aussi des dégâts de chevreuils, donc je dois protéger les arbres ». « C’est une nouvelle démarche dont les résultats se mesurent sur le moyen et le long terme. Avec les arbres, il faut de la patience. »

Perdre un peu de revenu mais avoir en compensation un paysage, un cadre de vie plus sympa, je suis d’accord avec ça !

Et au bout de 40 ans de plantations, il dresse un bilan positif au niveau de la faune sauvage. Les populations sont en hausse, que ce soit les chevreuils, cervidés, sangliers mais aussi les faisans, grives, merles… ou encore les oiseaux aquatiques grâce à l’étang de 2 ha et aux divers points d’eau qu’il a créés sur sa ferme.

Après des dégâts de chevreuils, il a dû protéger ses arbres. ( © Christophe Lopacki)

Des populations d’animaux en hausse

Mais ce souci permanent de préserver la biodiversité n’est pas sans contrainte. « J’essaie de faire du maïs mais j’ai beaucoup de soucis avec les sangliers, pareil pour les pois et le sorgho… donc je suis un peu coincé. Je reviens toujours sur les mêmes cultures ce qui pose des problèmes au niveau des adventices, je commence à avoir de gros soucis de ray-grass et de vulpins », admet-il. « J’ai aussi des lièvres qui se régalent dans le tournesol sur les 15 premiers mètres proches de la haie ».

Mais il reste philosophe : « la biodiversité, il faut la prendre comme elle est. Si on a cette biodiversité dans la haie, elle se nourrit sur la parcelle agricole qui est à côté, il faut l’accepter… Sinon on ne fait pas de haies, de bandes enherbées, etc. Il faut savoir perdre un peu de revenu agricole pour en laisser un peu aux animaux, ils compensent cela par le cadre de vie, la beauté visuelle des paysages… »

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