Régulièrement dénoncés, les écarts de compétitivité au sein même de l’Europe trouvent une illustration parfaite, voire caricaturale, dans ce qui est à la base même de l’activité agricole : la terre. De l’Andalousie aux plaines bulgares ou roumaines en passant par les campagnes françaises, les polders hollandais, le prix d’un hectare de terre agricole fait le grand écart en Europe !
C’est le principal enseignement à tirer de l’ensemble de données publié fin mars 2018 pour la première fois par Eurostat, le service statistique de l’Union européenne. Le jeu de données 2016 ne comprend pas les chiffres de la Belgique, l’Allemagne, Chypre, Malte, l’Autriche et le Portugal. La rédaction de Terre-net a pu néanmoins y ajouter les prix des terres agricoles en Allemagne, provenant du ministère de l’agriculture allemand.
Prix des terres arables en 2016 : le grand écart européen
(Cliquez sur une région pour voir les données)
(Source : Eurostat, ministère allemand de l'agriculture. Les données pour le Portugal, la Belgique et l'Autriche ne sont pas disponibles)
En France, les prix des terres arables restent assez faibles par rapport à ceux observés chez les autres grands pays agricoles comme l’Italie, l’Allemagne ou l’Espagne. A 6 060 € l’hectare, la terre française est moins chère que dans certains pays de l’Est, comme la Pologne (9 100 € en moyenne) ou la Slovaquie (12 000 € en moyenne).
Sans compter certains extrêmes régionaux, comme la Lombardie en Italie, les écarts nationaux sont importants : en Roumanie, Estonie, Croatie et Lituanie, les quatre pays où la terre agricole est la moins chère, l’hectare se négociait à moins de 3 000 € en 2016. En Roumanie, un hectare coûtait en moyenne 1 958 €. Au niveau régional, l’hectare de terres arables était le moins cher dans la région bulgare de Yugozapaden (1 165 € en moyenne).
A l’inverse, aux Pays-Bas, pays en première place du podium européen devant l’Italie et le Luxembourg, il fallait payer en moyenne 63 000 €. « Le prix des terres arables dans chaque région néerlandaise est supérieur à toutes les autres moyennes nationales disponibles dans l’UE », constate Eurostat. Toutefois, parmi les régions de l’Union européenne pour lesquelles des données sont disponibles, le prix des terres arables le plus élevé a été relevé dans la région italienne de Ligurie (en moyenne 108 000 €/ha en 2016).
Des prix doublés ou triplés en seulement cinq ans
Qu’est-ce qui justifie de tels écarts de prix ? « Le niveau du prix des terres dépend d’un certain nombre de facteurs nationaux, comme la législation », rappelle Eurostat. Les facteurs sont aussi régionaux – climat, proximité des réseaux – et locaux – qualité du sol, pente, drainage, etc. Le jeu de l’offre et de la demande sur le marché, y compris l’influence des réglementations sur l'acquisition étrangère, est aussi un facteur important.
Evolution du prix des terres entre 2011 et 2016 : petites baisses et surtout fortes hausses
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(Source: Eurostat, ministère allemand de l'agriculture. Les données pour le Portugal, la Belgique et l'Autriche ne sont pas disponibles)
L’observation de l’évolution des prix dans le temps selon les régions est aussi riche d’enseignements. La plus forte croissance du prix des terres arables entre 2011 et 2016 a été constatée en République tchèque, où le prix a triplé. Dans les trois pays baltes et en Hongrie, les prix ont doublé.
Le prix a augmenté dans d’autres États membres aussi, bien que nettement moins. En France, les prix ont plutôt baissé, comme en Bourgogne et Franche-Comté.