2015 : c'est l'année des records en blé (rendement moyen de 79 q) mais pas des ventes d'engrais. La quantité livrée est stable par rapport à la campagne précédente. Les amendements minéraux basiques sont en baisse de 5 %. Une diminution plus significative si l’on prend en compte la moyenne des trois dernières campagnes (- 7 %). Sur cette même période, les engrais livrés ont progressé de 2,5 %.
Pour l’azote, c’est 2,2 millions de tonnes qui ont été livrées soit une augmentation de 5 % par rapport à la moyenne des trois dernières années. A contrario, le marché connait une réduction de :
- 430 000 t de phosphore soit - 8 %,
- 482 000 t de potassium soit - 2 %,
- 139 000 t de magnésium soit - 7 %.
Les éléments de chaulage des sols sont en réduction de 11 %.
Un marché très concurrencé
Depuis 1990, le taux d’efficacité de l’azote minéral a progressé. L’Unifa estime ainsi que 89 % de l’azote apporté est transformé en protéines dans les grains. En 2015, sur 155 kg d’azote apportés, 130 ont été transformés en protéines par les plantes. Le niveau de production progresse depuis 25 ans alors que les quantités d’azote épandues diminuent. « Les bonnes pratiques agricoles portent leurs fruits !, explique Thierry Loyer. Il n’y a pas de fatalité ! »
Les outils informatiques et le fractionnement des apports contribuent à cette baisse. Auparavant, les courbes évoluaient de la même manière : pour produire plus, les agriculteurs apportaient plus d’azote.
La part des éléments provenant des effluents d’élevage n’est pas à négliger. Ils apportent 24 % de l’azote, 40 % du phosphore et 64 % du potassium.
Privilégier l'ammonitrate
En 2015, la France a apporté 78 kg/ha d’azote minéral. Elle se situe dans la moyenne européenne, derrière la Belgique et les Pays-Bas (122 kg/ha), l’Allemagne (100 kg/ha) et la Pologne (84 kg/ha). L'Europe figure parmi les bons élèves. Son niveau d'apport ne dépasse pas 122 kg/ha contre plus de 300 kg/ha pour la Chine et l’Asie du sud-est.
36 % de l’azote utilisé en France provient de l’Europe (25 % de l’Union Européenne à 15 et 11 % des 11 autres pays), 35 % des pays tiers et 29 % de France. L'azote utilisé en France est donc issue de la production de proximité (France et UE). Les importations concernent essentiellement l’urée, la solution azotée et le phosphate d’ammoniaque.
Le marché français fait exception
Alors que l’Europe privilégie l’ammonitrate pour son efficacité supérieure, la France fait exception. Elle utilise en effet plus de solutions azotées qui sont en moyenne 15 % moins chères que les autres formes d’azote. Selon Thierry Loyer, un système de bonus/malus doit être instauré ou renforcé pour inciter les agriculteurs à utiliser des engrais plus efficaces.
Par ailleurs, pour que les blés français atteignent un niveau de protéines de 11,5 %, il faut que ce soit rémunéré. Cela passera par la généralisation des bonifications mises en place par certains organismes stockeurs. Le niveau d’efficacité doit encore augmenter, c'est pour cela que la recherche génétique travaille déjà à l’amélioration de la transformation de l’azote en protéines par les plantes.