Un profil pour regarder son sol en face

Et vous ? Avez-vous déjà réalisé un profil de sol sur votre exploitation ? N'hésitez pas à partager vos retours dans les commentaires. (©Terre-net Média)
Et vous ? Avez-vous déjà réalisé un profil de sol sur votre exploitation ? N'hésitez pas à partager vos retours dans les commentaires. (©Terre-net Média)

Installé sur l'exploitation familiale euroise depuis 2011, Jean-Christophe Leicher a engagé une transition vers l'agriculture de conservation des sols il y a environ quatre campagnes et plus récemment, vers l'agriculture bio sur une partie de l'exploitation. Pour Christophe Frebourg, « mieux connaître son capital sol, c'est la base pour diminuer le recours aux intrants et optimiser ses ressources ». En mars dernier, l'expert a donc réalisé un profil de sol, accompagné de l'agriculteur, afin de « faire un constat ensemble ».

Ils nous ont donné rendez-vous sur une parcelle de 16 ha, occupée par un couvert opportuniste, composé de seigle forestier et de pois fourrager. L'agriculteur précise l'historique de la parcelle en question  : 

  • 2022 : couvert avant betteraves - 2 x 15 t/ha fumier bovins + 2 x 15 t/ha lisier bovins 
  • 2021 : maïs ensilage. Idem 2022 + 300 kg fientes volailles sur le rang
  • 2020 : lin fibre en C1
  •  2019 : Couvert mulché et incorporé après blé tendre d'hiver. Fumier et lisier à l'enfouissement du couvert

« Appréhender le sol de façon simple »

Au fil des profils réalisés, Christophe Frebourg a développé une méthode « pour appréhender le sol de façon simple ». Dès la création de la fosse, il est très attentif à la couleur de la terre et aussi à l'odeur qui se dégage. « L'odeur de champignons présente est le signe d'un sol en bonne santé. Si ça sentait la rouille par contre, cela voudrait dire que le fer présent n’est pas assimilable par les plantes, etc. », explique l'expert. 

Viennent ensuite les mesures de la température et du pH (par colorimétrie). « Ce qui est intéressant : ce ne sont pas les valeurs en soit, mais les variations ! » Dans ce cas précis, « le relevé des températures met en évidence une variation très faible, qui témoigne d'une très bonne circulation de l'air. » En ce qui concerne le pH, « la variation entre les 6 horizons mesurés est de 1,2 : cela exprime une répartition hétérogène de la vie biologique sur le profil. Quand la répartition est homogène, le pH est régulé totalement. Cela entraîne une optimisation de la capillarité et de la conductivité ». Pour la suite de l'analyse, Christophe Frebourg rafraîchit les parois de la fosse avec un couteau, ce qui lui permet notamment d'« apprécier la compaction du sol ». Il met en avant une approche agronomique avec les sens : la vue, l'odorat et le toucher... mais aussi le goût parfois, quand il s'agit d'évaluer le côté croquant des racines ! 

En images

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Dans cette parcelle, il constate « un enracinement très correct, dense et avec un excellent état sanitaire ». Christophe Frebourg surveille également l'évolution des débris végétaux ou encore la présence des vers de terre... 

Assembler les éléments pour un diagnostic complet

Pour chaque profil, une fois tous les éléments recueillis : il suffit de tout assembler pour établir un diagnostic complet. Pour ce sol à tendance limoneux-argileux + sable fin sur limon fin et argile néoformée, Christophe Frebourg observe « une très belle structure en dessous de 33 cm, le sol est très aéré et poreux, avec une excellente gestion de l'eau liée par humification ». « Quand un sol est très vivant et très aéré, c'est toute sa dynamique de fonctionnement qui s'accélère : il y a une plus grande biodisponibilité de tous les minéraux stockés sur l'ensemble du profil. [...] Il en est de même pour tous les minéraux, excepté le phosphore qui lui a besoin de mycorhizes et de champignons », précise l'expert. Au contraire, « si le sol qui ne fonctionne pas bien, ce sera tout de suite plus compliqué pour les cultures en cas d'aléas climatiques (sécheresse...) ».

« Un sol fertile est un sol qui gère bien l'air, l'eau et aussi les matières organiques (MO). Il faut être vigilant sur les volumes de MO qui, trop importants, provoquent des engorgements (tourbières). ll est nécessaire de capitaliser sur les ressources biologiques pour trouver l'équilibre. Ne pas oublier que pour faire évoluer la MO, les bactéries consomment beaucoup d'azote et réduisent la fixation de l'azote de l'air ».

« Pour réguler et optimiser ce sol, qui est déjà de très bonne qualité, il faut travailler sur la qualité des composts et sur les doses », estime Christophe Frebourg. En ce qui concerne le travail mécanique, « chacun fait comme il le souhaite, mais il faut des outils les plus simples possibles ». 

Et les autres méthodes de diagnostic du sol ?

À côté du profil de sol, il existe évidemment d’autres méthodes de diagnostic du sol plus rapides et faciles à mettre en place : le test bêche et le mini-profil réalisé au télescopique par exemple. (À noter : ce dernier est à réaliser perpendiculaire au sens du travail du sol.)

Pour l’expert, ces deux méthodes permettent de « trouver une réponse sur l’état de la structure de l’horizon dit travaillé de 0 à 50 cm. Elles ne renseignent pas sur l’horizon sous-jacent et le fond (roche-mère). Elles peuvent servir à apprécier les techniques culturales mises en place et éventuellement les rectifier ».

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