En année classique, un traitement fongicide n’intervient pas avant le stade épi 1 cm et un traitement, à base de triazoles, est déclenché en général au stade 1 nœud. « Le niveau exceptionnel de l’infestation de rouille jaune en 2014 a poussé à recommander un passage au stade épi 1 cm, à T0, en cas de foyers actifs de rouille jaune, explique Philippe Pluquet, responsable technique de Noriap, coopérative picarde. Stratégie dont le bien-fondé a été confirmé par les essais. Cependant, un traitement précoce n’a de sens que s’il est relayé dans les 20 jours par un autre traitement, avec pour conséquence une multiplication du nombre de passages… » En effet, plus que le produit, à un tel niveau d’infestation, c’est le délai entre deux intervention qui prévaut. En 2014, les fongicides n’assuraient pas plus de 20 jours de protection. « Une intervention, avec des triazoles, dont l’efficacité est très satisfaisante, revient à une vingtaine d’euros. Et augmenter la dépense n’augmente pas la durée de protection. »
Importance du premier traitement
Philippe Pluquet revient sur la rouille jaune et les données confirmées par l’expérimentation. « A Fauville-en-Caux, dans un secteur favorable à la rouille jaune, le témoin non traité, un blé semé le 18 novembre, arrive à 14,7 q/ha ! Trois traitements préservent le rendement : 79,1 q/ha, alors que deux, T2 et T3, permettent seulement d’atteindre 50 q/ha. Ces résultats illustrent bien le poids de la protection fongicide mais aussi l’importance du premier traitement. Contre la rouille jaune, il fallait intervenir tôt. Surtout que le temps de réaction est plus faible que contre la septoriose. »
Pour 2015, il faut considérer la rouille jaune en plus des maladies classiques, septoriose, rouille brune selon les régions et fusariose.
« Face à des attaques de rouille jaune, les variétés les plus résistantes, notées 8 et 9 selon le classement Geves/Arvalis-Institut du végétal, ne présentent généralement pas de symptôme, rassure Jean-Yves Maufras, d'Arvalis, tout au plus quelques stries. Elles ne justifient aucun traitement spécifique, même en cas de forte épidémie. » Les variétés résistantes représentaient en 2014 près de 40 % des surfaces cultivées de blé tendre. « Les autres variétés, classées très sensibles à moyennement sensibles, sont à surveiller en priorité. Enfin, celles classées assez résistantes peuvent, lors de fortes attaques, nécessiter un traitement fongicide précoce. » Les programmes à deux traitements n’ont pas lieu d’être cette année sur variétés sensibles à la rouille jaune.
Se tenir prêt
Contre la rouille jaune, sur variétés très sensibles, le spécialiste d’Arvalis conseille de prévoir d’intervenir avant épi 1 cm en cas d’infestation précoce, à épi 1 cm sinon, sur variétés sensibles. Philippe Pluquet insiste sur le temps de réaction disponible contre la rouille jaune plus faible que face à la septoriose. Les premiers foyers actifs déclenchent le traitement. Pour les autres, prévoir un programme classique en 1, 2 ou 3 passages selon le niveau de résistance, et un complément contre la rouille jaune au cas où. Philippe Pluquet conseille de se prémunir dès sa commande de morte saison contre la rouille jaune si présence de variétés sensibles dans son assolement. « Si tout le monde se réveille fin février, les commandes ne pourront pas toutes être honorées dans le temps imparti pour intervenir. » Pour 2015, l’adaptation du programme à la variété est plus que jamais pertinente.