Main basse sur les fongicides : comment font ces trois agriculteurs ?

(©Adobe Stock)

Sébastien Mangin, céréalier à Ogy-Montoy-Flanville (Moselle), explique : « Mes choix sont arbitrés entre les conseils techniques, mon expérience et les observations des techniciens du réseau. Personnellement, je sollicite ma chambre pour un service technique. On a aussi des outils d’aides à la décision [OAD, NDLR] qui, en fonction de l’historique des pluies, de la chaleur et de l’humidité de l’air, nous disent si le contexte est propice à la maladie. Ce sont des services que l’on peut acheter et qui nous aident à déterminer si l’on doit déclencher un traitement ou pas. En fin de compte, il y a un choix technique, mais il y a aussi une propension de l’agriculteur à prendre des risques, ou une simplement acceptation.

En ce qui me concerne, je ne vise pas le rendement maximal, mais plutôt la meilleure marge avec une bonne efficience de mes intrants. Je ne m’enferme pas dans le tout phyto et si les OAD et mon technicien me disent qu’il n’y a pas de maladie, qu’on a un climat favorable, que la variété est résistante… alors, je me passe de traiter. Parfois, ce n’est pas d’un fongicide dont on a besoin, mais d’un coup de soleil ou d’un coup de pluie. Ça, nous devons l’accepter et l’intégrer dans notre raisonnement. Il faut prendre sur soi et se dire “non, je ne traite pas”. C’est un peu générationnel. La génération des 40-50 ans me semble davantage sensibilisée que celle plus proche de la retraite, qui a connu les Trente Glorieuses et une production un peu plus soutenue. »

« Produits de biocontrôle ou biostimulants en alternative »

Pour Eric Jallet, polyculteur-éleveur à Saint-Maurice-la-Souterraine (Creuse) : « Globalement, au niveau du rendement, en mettant des produits de biocontrôle et une demi-dose de fongicide au bon moment, on est au même niveau qu’avec un fongicide classique pleine dose, voire certaines fois un peu au-dessus. 

Après quatre ans d’essais, avec des années sèches et d’autres mouillées, et depuis notre intégration dans le groupe Dephy, on a diminué les IFT fongicides d’environ 40 %, malgré l’ajout de colza [gourmand en fongicides, NDLR]. 

Personnellement, j’avais un peu du mal à croire à toutes ces poudres miracle, mais honnêtement ça marche plutôt bien. Mais ce n’est pas dû qu’à ça. Le fait qu’on ait un mélange de quatre variétés à peu près pareilles au niveau de la précocité me semble constituer un autre point essentiel. S’il y en a une qui est sensible à une maladie, eh bien, on ne perdra pas tout le champ. À la base, il y a cinq-six ans, j’ai acheté des semences du marché choisies pour leur résistance aux maladies. J’ai mélangé le tout et j’ai semé ça. Et depuis, je fonctionne avec les semences de ma propre ferme qui, à la longue, se sont habituées au terrain, au climat. Et tous les ans, sur l’orge sur 2 ha, je rajoute 150 kg de semences neuves des mêmes variétés mélangées, pour remettre un petit peu de sang neuf. C’est dans cette partie que seront prélevées les semences de la prochaine campagne. »

« On fait nos propres essais sur 3 à 6 ha »

Enfin, chez Dominique Couëffé, polyculteur-éleveur à Cosmes (Mayenne) : « Je sème en gros 25 ha de blé. Mon voisin en fait 30 à 40. Ensemble, on est sur la base d’une soixantaine d’hectares. On fait un mélange de deux à trois variétés de façon à minimiser l’attaque fongique et l’effet terrain. On choisit nos variétés par rapport aux données techniques d’Arvalis et aux essais de la chambre d’agriculture. Dans le même temps, on fait des essais sur 3 à 6 ha. Chaque année, on sélectionne cinq à six variétés du catalogue qu’on met en bande de 0,5 à 1 ha en pure. On reprend celles qu’on a l’habitude de semer et on en ajoute toujours deux ou trois qui nous semblent intéressantes. On va regarder comment elles se comportent. Si on en a une qu’on semait les années précédentes qui ne tient pas, qui s’écroule un peu au niveau des résistances, on l’élimine et on refait un mélange des trois variétés ayant le mieux réussi dans nos essais. On est plutôt adeptes de la semence fermière. On fait le mélange à la récolte, avec la moissonneuse. C’est-à-dire qu’on récolte les bandes en alternant les largeurs de coupe dans chaque variété que l’on veut conserver pour la prochaine campagne. Ça nous permet d’obtenir un mélange d’au moins trois variétés assez homogènes. »

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