Le retour de Benjamin, en 2009, sur la ferme familiale en Alsace, tournée vers la maïsiculture, est plus compliqué qu'il ne l'imaginait, lui qui a pourtant attendu pas mal de temps avant de s'installer et s'est forgé un bagage plutôt solide. Pendant ses études d'abord, avec une spécialisation dans la gestion de l'eau à l'Agro de Rennes, un stage au Mali, un DESS à la Sorbonne et un an à l'Institut national agronomique de Paris-Grignon, où il rencontre Marcel Mazoyer et Marc Dufumier. Et aussi après puisqu'il part dans les Andes pour une ONG, en coopération au Tchad, d'où il rentre en taxi-brousse en traversant sept pays, devient formateur pour adulte avant de travailler plusieurs années chez Jeunes Agriculteurs et dans une banque mutualiste.
En plus de ses compétences agronomiques, il appréhende concrètement « les effets de la mondialisation » dans les pays en développement, apprend à défendre des idées, à gérer financièrement une exploitation agricole, à manager des équipes. Mais face à la baisse des cours du maïs, à la concurrence des variétés OGM, à la multiplication des aléas climatiques et des insectes ravageurs comme la chrysomèle, toutes ces connaissances et expériences ne lui sont pas d'un grand secours. Alors que cette culture a fait la richesse de la région, les maïsiculteurs doivent « faire face à une situation sans précédent ». « Nous étions dans une spirale à la baisse sans entrevoir le moindre renversement de tendance, se rappelle le jeune producteur. Nos coûts étaient près de 20 % supérieurs à nos prix de vente et nous ne vivions que grâce aux aides Pac. »
Comment s'en sortir ? Benjamin ne se laisse pas abattre et se diversifie dans les plantes aromatiques. La transformation et la commercialisation sont cependant difficiles, « les acheteurs n'ayant pas d'état d'âme ». Il se lance alors dans le photovoltaïque et bataille pour signer un contrat avec EDF, une diversification source de valeur ajoutée heureusement. Et il se met à l'agriculture de précision pour réduire les charges de la ferme, mais également au travail et à l'achat en commun, car « à plusieurs, on est plus fort »...