Les cotations américaines de maïs et de soja ont rapidement accéléré lundi soir à la suite du dernier rapport du département américain de l'agriculture (USDA). La production US de maïs est désormais prévue à 354 Mt, contre 364 dans le dernier rapport, ce qui représente une chute de 30 Mt sur un an !
Cette contraction est attribuable à une baisse des rendements, ainsi qu'à la réduction des surfaces récoltées. Une partie des régions de culture du maïs a en effet été gravement touchée par la sécheresse qui frappe l'ouest du pays depuis plusieurs mois, notamment le Nebraska et le Kansas.
« Ils ont intégré le fait que les rendements américains n'étaient pas terribles », a commenté Gautier Le Molgat, du cabinet Agritel, pour qui « ils n'y ont pas été de main morte ». « Du coup, ça fait baisser les perspectives de stocks, ce qui est un élément de soutien » au cours.
« Ils ont taillé dans la demande », a par ailleurs souligné Don Roose, de US Commodities, relevant que l'USDA avait diminué de près de 4 millions de tonnes son estimation de la demande de maïs aux États-Unis, ce qui a atténué l'effet sur les prix.
Cet abaissement, en particulier des prévisions de consommation animale et de production d'éthanol, a limité l'impact sur les stocks de fin de campagne, attendus en repli d'un peu plus de 4 millions de tonnes.
Aucun autre pays ne compense le recul de la production américaine de maïs. L'USDA voit l'Ukraine augmenter sa récolte de 1,5 million de tonnes, mais pour n'en exporter qu'un tiers.
« On reste sur des niveaux extrêmement confortables quand même » de production et de disponibilité du maïs au niveau mondial, a tempéré Gautier Le Molgat.
Baisse des prévisions pour le soja
Le département américain de l’agriculture a aussi surpris les opérateurs en réduisant de 4 Mt son estimation de récolte américaine de soja cette année, à 119,2 Mt (120,7 Mt l’an dernier).
Là encore, la fonte des rendements a été partiellement compensée par une contraction de l'estimation de la demande aux États-Unis.
Côté blé, dont les récoltes sont déjà achevées aux États-Unis et en Europe, les prévisions ont été rehaussées pour l'Ukraine et la Russie de respectivement un et trois millions de tonnes. La production russe atteindrait un record historique de 91 Mt.
« On voit bien que le bassin de la mer Noire a finalement été une zone de production très au rendez-vous cette année », malgré les craintes liée à l'invasion de l'Ukraine.
Pour autant, les estimations d'exportations de ces pays n'ont pas été modifiées, « malgré les perspectives qu'on a avec les corridors » qui ont permis, depuis début août, de reprendre le transport maritime depuis l'Ukraine.
Les inspections hebdomadaires de soja dans les ports américains sont par ailleurs retombées sous le consensus la semaine passée, à 329 kt. Les inspections de maïs se sont quant à elles établies dans le bas des attentes (447 kt), tandis que celles de blé ont bondi au-dessus du consensus (737 kt).
Après la publication du rapport de l'USDA, le blé SRW à échéance décembre 2022 s'est enfoncé de 10,75 c$/bu à la clôture de Chicago, à 8,59 $/bu. Le maïs à terme décembre 2022 a grossi de 11 c$/bu à 6,96 $/bu, un niveau qu'il n'avait pas atteint depuis le 23 juin.
La fève de soja à livraison novembre 2022 a flambé de 76 c$/bu, à 14,88 $/bu, et atteint en séance son plus haut niveau depuis un mois.
#Soybeans +4.5% after an unexpected substantial decrease in US crop number pic.twitter.com/kZdedlcIqy
— Andrey Sizov (@sizov_andre) September 12, 2022
