Faut-il craindre une flambée des prix du gaz et des engrais azotés ?

Faut-il craindre une flambée des prix du gaz et des engrais azotés ?

Le prix des engrais et amendements a augmenté en février dernier de + 2,2 % par rapport au mois précédent (source Agreste). Sur un an, il s’est nettement replié (– 10 %). Mais qu’en sera-t-il dans les prochaines semaines si la crise en Ukraine s’inscrit dans la durée?

La production d'engrais aoztés nécessite des quantités importantes de gaz. Mais la menace qui pèse cette année sur l’Union européenne de ne pas être approvisionnée de Russie n’est pas la première. En 2006 et 2009, l’Europe était déjà l’otage des deux précédentes crises russo-ukrainiennes. Et à l’époque, 90 % du gaz russe livré transitait par l’Ukraine.

Cette année, le nouveau contexte géopolitique et économique laisse penser que les premières victimes d’un arrêt potentiel des livraisons d’hydrocarbures russes seraient d’abord la Fédération de Russie et l’Ukraine. Chancelante, l’économie russe est très dépendante des exportations de gaz et de pétrole. Le rouble n’est pas à l’abri d’une nouvelle dévaluation et les investisseurs pourraient encore se retirer des marchés russes. Quant à l’Ukraine, le pays est déjà au bord de la faillite.

Aussi, « les menaces de sanctions émises par le Kremlin envers ses partenaires commerciaux occidentaux, accusés d'ingérence, semblent difficiles à mettre en application », affirme Hugues Poissonnier, professeur à l'Ecole de Management de Grenoble, dans une tribune publiée par Le Monde le 31 mars dernier. Hormis quelques mouvements spéculatifs, les agriculteurs français n’auraient ainsi aucune raison de redouter une nouvelle flambée durable des prix des produits pétroliers, du gaz et par ricochets des engrais azotés produits en Europe.  

L'Union européenne moins dépendante 

Ces dernières années, l’Union européenne et la France ont modifié leurs stratégies d’approvisionnement en gaz russe en construisant un nouveau gazoduc NorthStream qui relie la Russie à l'Allemagne via la mer Baltique. Et quand le SouthStream sera mis en service, l’hydrocarbure sera acheminé par la Bulgarie et la Hongrie. Aujourd’hui, seuls 60 % du gaz transite vers l’Europe par l’Ukraine.

Par ailleurs, la plupart des pays de l’Union ont diversifié, à des degrés divers, leurs sources d’approvisionnement. La France en particulier n’importe que 15 % du gaz consommé de Russie. La Norvège, la Hollande et l'Algérie sont ses premiers fournisseurs.  

Enfin, certaines puissances économiques s’affranchissent de plus en plus des marchés mondiaux pour s’approvisionner en hydrocarbures. Aux Etats-Unis, l’extraction massive de gaz de schiste représente déjà plus de 40 % de sa consommation alors qu’elle était insignifiante il y a moins de 10 ans. Et si la crise politique russo-ukrainienne dure, il n’est pas exclu que le gouvernement américain autorise l’exportation de gaz vers l’Union européenne. Il n’est pas exclu non plus que les pays européens, aujourd’hui  récalcitrants, se lancent dans l’exploration et l’extraction pour renforcer leur sécurité énergétique.

Quant à la production d’engrais azotés, les marchés se sont semble-t-il quelque peu affranchis de l’Ukraine. Ces derniers mois, le prix de gaz russe livré ne rendant plus la production d’engrais rentable, celle-ci a fortement diminué. Et pourtant, les exportations d’engrais azotés représentaient entre 6,5 à 8,5 % des ventes mondiales, selon « Greens Markets. Mais la production ukrainienne équivaut à 2,5 % des capacités mondiales.   

Explorer la production de gaz de schistes

Par ailleurs, l'offre excédentaire en provenance d'autres régions productrices d'urée et d'ammoniac a globalement maintenu les prix mondiaux. Mais cette situation pourrait changer lorsque les principaux pays acheteurs auprès de l’Ukraine, tels que l'Inde et la Chine reviendront sur le marché au printemps. Des commandes d’engrais passées dans la précipitation dans l’hémisphère nord en prévision de la prochaine campagne 2014/2015 pourraient aussi générer des tensions sur les prix si l’offre d’engrais disponible est insuffisante pour répondre à la demande.

Mais si la Fédération de Russie décide, pour des raisons politiques, de ne plus exporter d’engrais azotés, potassiques et phosphatés, les prix de tous les engrais pourraient flamber. Les ventes d’engrais minéraux russes portent sur 15 à 20 % des transactions mondiales selon plusieurs sources d’informations. Et l'arrêt des exportations de pétrole génèrerait une nouvelle crise pétrolière avec des cours mondiaux en forte hausse.

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