Tous les conseils d’un agri mécano pour entretenir son tracteur toute l’année

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« Mon tracteur préféré, c’est celui qui marche ». Grégor Lamirault, agriculteur et Youtubeur passionné de mécanique installé à Alluyes en Eure-et-Loir, a le sens de la formule. À la tête de la ferme Baudouin, une exploitation céréalière familiale de 208 hectares, il possède 5 tracteurs pour faire tourner la boutique.

« Je ne suis pas attaché à une marque. J’essaye de cibler la mécanique qui convient à l’usage souhaité », confie-t-il. Quand il passe à la caisse pour s’offrir une nouvelle machine, il ne choisit pas la meilleure ou le coup de cœur – « quand on ouvre les brochures, tout est formidable » - mais « la moins pire »…

Sa dernière acquisition, un Valtra N154, correspond à cette philosophie pragmatique. Elle est le fruit d’un tableau Excel sur lequel il a inscrit tout ce qu’il voulait et, surtout, tout ce qu’il ne voulait pas, par exemple « devoir rentrer dans l’ordinateur de bord pour activer le gyrophare ».

Tracteur McCormick
Le McCormick MTX 110, « le plan B, qui va pas vite mais fait tout bien ». (© Terre-net Média)

Outre le Valtra N154, « utilisé pour la pulvé avec sa cabine hermétique », son garage se compose d’un Case CS-94 « un tracteur à tout faire l’hiver et pour l’irrigation », un McCormick MTX 110 « le plan B, qui va pas vite mais fait tout bien », un Valtra T151 e advance « léger, pour le semis et le déchaumage, acquis lors du passage en TCS, celui qui a fait le plus d’heures en 2023 » et, enfin, un Deutz-Fahr 6215 TTV « lui aussi destiné au semis et au déchaumage, avec des pneus basse pression bien utiles sur les terres pleines de silex ».

Niveau ancienneté, le Case remonte à 1998, le McCormick à 2004, le premier Valtra à 2008, le Deutz à 2017 et le Valtra N154 à 2018. « L’année ne compte pas vraiment, c’est l’utilisation qui importe. On peut flinguer n’importe quelle machine rapidement en faisant n’importe quoi », constate-t-il.

Cet amoureux des moteurs et de l’acier livre ses conseils pour garder ses tracteurs en vie le plus longtemps possible et minimiser les pannes. Il y a des astuces qui paraîtront basiques aux yeux des plus chevronnés. « Mais, vous seriez étonné, la majorité des agris n’y connaît rien en mécanique », constate Grégor.

Grégor Lamirault
Grégor Lamirault anime une chaîne baptisée L'Atelier Agricole sur YouTube. (© Terre-net Média)

1) La propreté

« Le but n’est pas d’avoir le tracteur le plus brillant de la plaine, sourit Grégor. Mais d’avoir les yeux dessus et repérer tout de suite ce qui pourrait s’aggraver ». L’agriculteur précise toutefois : « Si le tracteur a de la gueule, ce n’est pas plus mal plus ! » Il a décelé la majorité des ennuis de ses tracteurs lors du bain, par exemple le Valtra T151, sur lequel il était en train de perdre les bras de relevage.

Pour la toilette de ses machines, Grégor utilise une brosse et un Kärcher, jamais trop près car il aime bien ses autocollants… Jamais de produit, « la rivière à proximité n’aime pas », sauf en cas de dégraissage extrême.

D’autant que son Kärcher est à eau chaude. « C’est comme pour la vaisselle, ça dégraisse vachement mieux ! » Rebuté par le prix, il a sauté le pas à la faveur d’une belle occasion. « Je ne reviendrai jamais en arrière. Cela permet des économies de réparation, c’est rentable, notamment sur les flexibles. Quand c’est plein de crasse, on ne voit pas la petite fuite qui s’installe. Et puis l’eau chaude, l’hiver, ce n’est pas désagréable ».

Côté fréquence, Grégor nettoie ses tracteurs « avant d’attaquer chaque nouveau travail ».

2) Huile, filtres et compagnie

Il y a la base, qui n’est pas si basique que cela au final : « Il faut mettre l’huile adaptée au moteur. Vous seriez surpris du nombre de personnes qui se trompent encore ». Deux choix : soit l’huile recommandée par le constructeur, soit une huile encore meilleure. « C’est un poste de dépense sur lequel il ne faut absolument pas lésiner. La montée en température est conditionnée par le type d’huile ».

Niveau vidange, Grégor les effectue toutes les 200 à 250 heures, « toujours après une grosse journée de travail et équipé de gros gants en cuir pour ne pas se brûler les mains ». « Deutz fait la vidange toutes les 500 heures pour ses tracteurs sous garantie. Quand elle sera terminée, je vais repasser à mon rythme », souligne-t-il.

La filtre à air fait aussi l’objet d’une attention particulière de la part de l’agriculteur. Il les souffle au compresseur, « pas plus de 2 ou 3 bars », d’abord de l’intérieur vers l’extérieur, puis l’inverse « en biais et de loin pour chasser les poussières ». Il surveille aussi la couleur du pré-filtre.

« C’est dur de donner une durée de vie, cela dépend de l’usage. Une année humide, cela s’encrasse forcément moins. Quand je sème avec un outil frontal, c’est changement toutes les 500 ou 600 heures. Et puis aussi, parfois, c’est tout simplement quand j’y pense ! » Pour se rappeler du calendrier, Grégor note au crayon la date sur les filtres.

Tracteur Case
Le Case CS-94, « un tracteur à tout faire l’hiver et pour l’irrigation ». (© Terre-net Média)

3) La conduite du moteur

Le moteur à turbo est un peu comme les humains, sensible et à manier avec précautions au réveil et au coucher. « Quand il fait froid, je le démarre et le laisse chauffer avant de taper dedans », conseille Grégor. Il enclenche le travail quand l’aiguille de température commence à se décoller, « c’est-à-dire quand l’huile est déjà à 40 ou 50 degrés ».

Pareil à la fin du chantier, « on ne coupe pas le contact juste après avoir roulé à fond les gamelles, assure l’agriculteur. Si on l’arrête net, avec l’inertie, il va continuer à tourner sans lubrification optimale ». Lui lasse ralentir le moteur, 2 ou 3 minutes, « même 30 secondes c’est déjà bien », le temps de ranger ses quelques affaires. « Il va perdre plus de vitesse en tournant au ralenti », explique Grégor.

4) Connaître et respecter la mécanique

Grégor prend l’exemple de son McCormick MTX 110, à la boite de vitesse si particulière. « C’est simple, soit on la détruit en 1 500 heures, soit on la garde à vie ». Encore faut-il faire attention au petit autocollant dans la cabine qui explique le passage des rapports. « Personne ne lit jamais les notices d’utilisation, alors un autocollant… Pourtant quand on sait comment sa machine est faite, on a déjà fait un grand pas pour l’utiliser au mieux ! » clame l’agriculteur.

Il recommande à tous les agris de mettre le nez dans la mécanique. « Le plus dur, c’est de se lancer. Mais quand la machine est désossée, il faut bien aller au bout ! À la base, moi, je n’y connaissais rien. J’ai un BTS gestion-comptabilité… » Cela ne concerne pas les tracteurs mais, dans cet esprit, il se souvient de l’armature de support de rampe sur un pulvé Kuhn. « Le constructeur n’avait pas de solution. Alors je l’ai fait ! Il y a au bout la satisfaction de faire soi-même. Et c’est aussi des économies ».

Mais la meilleure panne étant celle qui n’existe pas, avant de réparer, il est encore mieux de ne pas casser. « Tous ces conseils ne valent pas grand-chose si on roule à 40 km/h l’outil relevé sur un chemin en terre. Il faut respecter le matériel et éviter de jouer les Brisefer ! »

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