Douar Den, la réussite collective au service des pommes de terre bretonnes

Coopérative Douar Den
Emmanuelle Leroy, responsable commerciale plants, et Fabris Tréhorel, le président de Douar Den, expliquent que la plupart des décisions prises par la coopérative émane d’un consensus entre les producteurs et les négociants. (©Bernard Serpantié)

L’histoire de Douar Den a démarré en 2007. Elle est en partie celle d’agriculteurs désireux d’explorer d’autres voies que celles tracées par l’agriculture conventionnelle et ses organisations professionnelles. Des producteurs bretons de pommes de terre bio, qui avaient amélioré leurs pratiques grâce à leur association Aval Douar Beo (littéralement la pomme de terre vivante), cherchaient à progresser dans la commercialisation. « Auparavant, chacun vendait comme il pouvait, soit en local, soit par l’intermédiaire de grossistes », se souvient Fabris Tréhorel, le président de Douar Den, qui dirigeait également cette association.

Deux idées émergeaient : soit créer une coopérative, soit constituer une société commerciale. Si la première solution pouvait davantage les séduire en raison d’excellents exemples de réussites économiques dans la région, elle ne les satisfaisait pas entièrement. Ils craignaient les travers qui peuvent gagner ces structures lorsqu’elles grandissent, notamment l’éloignement progressif de leurs sphères de décision et une perte d’appropriation de la part de leurs membres.

Ils ont donc imaginé une autre forme de coopération les associant à leurs partenaires commerciaux et à leurs salariés. « Il fallait trouver une solution permettant de rémunérer les productions à leur juste valeur et de gérer l’offre et la demande », explique Fabris Tréhorel. L’idée a donc pris la forme d’une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC) associant les producteurs, les négociants, les salariés mais aussi diverses personnes morales et physiques, par exemple des collectivités locales.

La culture du consensus

Ainsi est née Douar Den. Sa raison sociale lui tient lieu de programme. En breton, « douar » signifie la terre et « den » l’homme. La règle d’or des coopératives demeure un homme égale une voix. Mais afin de respecter l’équilibre des pouvoirs, les différents métiers sont organisés par collèges.

Ainsi, ceux des producteurs ont 35 % des voix. Ils se trouvent à égalité avec ceux des bénéficiaires au rang desquels s’alignent des expéditeurs tels que Pronatura, Poder, Keltivia, Bio Rennes, des négociants et obtenteurs de plants comme Clisson, Europlant, Germicopa ou Meijer ainsi que les industriels Altho-Bret’s, Fleury Michon ou encore Gelagri.

Comme aucun de ces deux groupes n’a la majorité, les salariés qui détiennent 20 % des voix pourraient, au besoin, jouer un rôle d’arbitre.

« Dans les faits, nous votons très peu et nous ne validons pas de décisions qui ne fassent pas l’unanimité, relativise le président. Lorsque l’une des parties ne semble pas convaincue, nous discutons jusqu’à ce que le problème soit réglé. » Cette gouvernance est notamment mise à l’épreuve au moment de la négociation des prix.

Une construction du prix en marche avant

« Notre idée est de procéder selon une construction ascendante du prix en commençant par calculer la moyenne de prix de revient intégrant la rémunération de l’agriculteur et une provision pour risque. »

Afin d’aboutir à un accord acceptable pour tous, les discussions se font en toute transparence, en présence et après validation de toutes les parties.

Pour expliquer la démarche, Fabris Tréhorel cite la définition donnée par Wikipédia de la coopération, à savoir « un état d’esprit dans lequel les individus conduisent leurs relations et leurs échanges d’une manière non conflictuelle ou non concurrentielle ». Ce principe a démontré une certaine vertu et a permis à l’entreprise de grandir rapidement et de se diversifier. Après les activités en pommes de terre, sont arrivés les échalotes, les oignons, les carottes, les céleris, etc.

Stockage de pommes de terre
Le site du Ruellou, à Saint-Nicolas-du-Pélem (22), permet de stocker jusqu’à 13 000 tonnes de produits agricoles. (© Bernard Serpantié)

Au fil des années, l’entreprise s’est dotée de capacités de stockage. Aujourd’hui, son site du Ruellou, à Saint-Nicolas-du-Pélem (Côtes-d’Armor), est équipé en divers matériels de lavage, de lustrage et de conditionnement, ce qui permet de conserver 13 000 t de produits agricoles sur 10 000 m2. Sa toiture supporte une centrale solaire de 100 kWc. En 2007, Douar Den commercialisait 600 t de pommes de terre bio. En 2021, ce volume est monté à 21 000 t.

La maîtrise de variétés adaptées

La difficulté des producteurs bio à se procurer des plants de pomme de terre dans les quantités nécessaires, mais aussi en variétés résistantes aux pathogènes, a très vite incité les associés de la coopérative à créer une activité dédiée.

Dès 2008, celle-ci s’est mise en place et, à partir de 2009, elle a proposé la variété Eden puis Allians. Elle s’est également dotée, à Pontivy (Morbihan), d’un outil de stockage et de triage.

Champ de pommes de terre
L’éloignement des grandes zones de production de pommes de terre en Bretagne représente un avantage sanitaire pour la culture. (© Bernard Serpantié)

Dans la foulée, en bénéficiant des ressources de Bretagne-Plants, elle s’est lancée dans la création variétale. « Nous avons eu la chance d’identifier, dès 2010, une supervariété : Maïwen. Elle nous permet d’en maîtriser l’intégralité du schéma généalogique. » Alors que les plants bio étaient, jusqu’à présent, issus d’une multiplication d’au moins un an à partir de plants « Super Élite » issus d’une production conventionnelle, Douar Den se fournit directement en G0 auprès de Bretagne-Plants. Elle les multiplie ensuite auprès de son réseau d’une trentaine de producteurs.

Le catalogue s’est progressivement étoffé afin de pouvoir fournir toutes les déclinaisons demandées par le marché : des plus ou moins précoces, des rouges, des chairs violettes, d’autres pour la transformation, etc. Ainsi sont arrivées Byzance, Passion, la chipsable Naturéa, mais aussi Athéna, Truffette ou Wahou.

Actuellement, Douar Den produit annuellement près de 5 000 t de plants bio et en commercialise 3 800. Son service plants compte, en plus de sa responsable commerciale Emmanuelle Leroy, un responsable et un technicien de culture, un responsable de station et une équipe dédiée au triage et au conditionnement. Une assistante commerciale et logistique les rejoindra à la rentrée prochaine.

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